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Exposition « Patrie et exil »: l'émigration des Juifs allemands après 1933

Anne-Julie Martin25 mai 2007

Avant l’extermination systématique des Juifs en Allemagne par les Nazis, beaucoup ont été poussés à émigrer. A partir de 1933, quand Hitler arrive au pouvoir, près de 280.000 Allemands juifs quittent leur terre natale pour aller se réfugier dans plus de 90 pays à travers le monde. C’est cet exode forcé que nous raconte l’exposition intitulée « Patrie et exil» qui vient d’ouvrir ses portes dans la Maison de l’Histoire, ici, à Bonn.

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Image : presse

Au début de l’exposition, des portraits de juifs allemands. A la fin de l’exposition, les mêmes portraits, projetés sur une surface éclatée faite de planches, comme si elles étaient tombées du mur. Entre temps, ces Allemands ont fui pour échapper au nazisme et à ses persécutions. Les années précédant la seconde guerre mondiale, tout était fait pour les contraindre à partir. Ils étaient dépouillés et rejetés de toutes les sphères de la société. Christian Peters est responsable de l’exposition:

« Il y avait par exemple un jeu de société qui s’appelait « dehors les Juifs ». Ainsi voulait-on faire prendre conscience à tous les niveaux, et aussi par le biais des jeux pour enfants, que les Allemands juifs n’appartenaient pas à ce pays ».

A l’aide de nombreux documents d’époque, lettres ou photographies, le visiteur découvre les difficultés de la fuite vers l’ailleurs, depuis les préparatifs jusqu’aux barrières administratives. On peut voir des Atlas destinés aux réfugiés afin de leur permettre de mieux connaître leur pays d’accueil.

Au fil de l’exposition, on suit le destin de certains de ces exilés, à travers leurs témoignages retransmis sur des bornes sonores ou vidéo. Comme celui d’Hannelore Grünberg-Klein. D’interview en interview, on écoutera son récit. Elle est d’abord partie sur le paquebot Saint-Louis en 1939. Ce paquebot à destination de Cuba était l’un des derniers espoirs pour quitter l’Allemagne. Mais faute de visa, l’asile lui a été refusé. Le Saint-Louis dut repartir en direction de l’Europe. Hannelore faisait partie des passagers qui ont alors été accueillis par les Pays-Bas. Elle n’est jamais retournée en Allemagne, comme la plupart des autres exilés.

Et puis, il y a les angoisses face à un avenir incertain, les difficultés pour s’adapter à un environnement étranger, à se construire une vie nouvelle. Werner-Max Finkelstein, a émigré avec sa mère en Bolivie:

« J’ai appris à connaître toute la misère là-bas, la profonde méfiance des Indiens envers tous les hommes blancs. J’ai connu la pauvreté absolue, où ce que les gens portaient sur eux était en fait tout ce qu’ils possédaient ».

La France est l’un des premiers pays d’asile de l’avant-guerre. Il attire beaucoup d’artistes et d’intellectuels. Mais, plus tard, avec l’occupation par les troupes allemandes, beaucoup de Juifs tentent de gagner l’Espagne et le Portugal pour prendre la mer.

Certains pays d’Afrique deviennent également des terres d’accueil pour ces Juifs en fuite. Comme la Rhodésie du Sud, l’actuel Zimbabwe, où quelques centaines de réfugiés ont été employés plus tard par la colonie anglaise afin de surveiller les ennemis étrangers emprisonnés, dont, ironie du sort, des nationaux-socialistes allemands.

L’exposition s’interroge notamment sur les notions de patrie, de terre natale et de terre d’adoption. Un sujet qui n’est pas sans rappeler les problèmes que rencontrent les exilés de notre époque et les dangereux voyages en barque de ceux qui quittent l’Afrique pour aller vers l’inconnu.

L’exposition « Patrie et exil » dure jusqu’au 7 octobre dans la maison de l’histoire à Bonn. Elle se tiendra ensuite à Leipzig.