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Expulser n'est pas jouer...

Christophe Lascombes20 août 2010

Si la presse allemande de ce vendredi revient sur le retrait hier des dernières troupes combattantes américaines en Irak, elle commente surtout la politique de la France à l'égard des Roms.

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Paris fait semblant d'ignorer que les Roms expulsés peuvent revenir dès demain, car ils sont citoyens européensImage : AP

Quand les derniers GIs quittent le sol irakien, ils laissent un pays certes stabilisé mais pas entièrement pacifié, explique die Welt. Les Irakiens devront désormais démontrer si cette expérience de démocratie arabe peut réussir. S'il a toujours été facile d'imputer toutes les difficultés aux Yankees, les Irakiens n'auront plus cette excuse s'ils gaspillent cette occasion de vivre en liberté. Être libre, cela signifie être responsable de son destin.

US-Truppenabzug aus dem Irak
Les derniéres unités combattantes ont quitté l'Irak hier, le laissant seul face à sa liberté.Image : AP

La tolérance, c'est aussi pour les autres

Jusqu'où doit tomber un chef d'Etat pour faire son affaire personnelle de l'expulsion d'une minorité ? demande la Frankfurter Rundschau. Eh bien, aussi bas que le président français. Paris parle de « retour volontaire » et rémunère les expulsés avec quelques centaines d'euros pour se construire une existence en Roumanie ou en Bulgarie. Nicolas Sarkozy se veut un président actif, soucieux des inquiétudes des citoyens. En réalité, il cherche seulement à détourner l'attention des scandales et du népotisme qui ruinent la réputation de son gouvernement.
Nicolas Sarkozy est dans la mélasse jusqu'au cou, affirme la Tageszeitung de Berlin. Les Français sont mécontents de sa politique. Incapable de maîtriser politiquement les problèmes, le gouvernement joue de mesures symboliques. Mais le message subliminal de l'expulsion des Roms c'est : « Dehors les criminels, les mendiants et les fainéants ». Une telle politique rappelle fatalement les horreurs du racisme. Voulant ratisser très à droite, les responsables de cette politique courrent le risque que les électeurs préférent l'original à la copie, le Front national de Jean-Marie Le Pen à l'UMP de Sarkozy.


Faisant sa Une avec le motif des cigarettes Gitanes, la Frankfurter Allgemeine Zeitung détourne l'amical duel entre amateurs de Gitanes et fumeurs de Gauloises pour oser dire : « Avec ces expulsions, Sarkozy veut montrer aux Gitanes ce qu'est une Gauloise ». Le quotidien ajoute : Mais ce n'est pas avec de l'argent qu'on résoudra ce problème. Ceux qu'on expulse aujourd'hui reviendront demain, à Paris et ailleurs. C'est leur droit car l'Union européenne garantit la liberté de déplacement et d'installation à tous ses ressortissants.
De nombreux Roms vivent dans des structures claniques difficilement compatibles avec les principes démocratiques, résume la Süddeutsche Zeitung. Ce n'est pas un communautarisme multiculturel naïf qui apportera la solution. Pendant des siècles, les Roms, venus d'Inde au Moyen-Âge, se sont heurtés aux discriminations. La volonté unilatérale d'intégration d'une société démocratique n'effacera pas non plus la méfiance qui règne chez les Roms, à la suite de tant d'initiatives qui ont mal tournées. Une seule chose est sûre : dans une démocratie, il n'y a pas d'autre voie que celle de la tolérance.

Nicolas Sarkozy, französischer Wirtschafts- und Finanzminister
Nicolas Sarkozy a beau faire, son activisme n'impressionne plus grand-monde.Image : AP

Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Carine Debrabandère