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Fin tragique pour deux chefs rebelles du Darfour

Fréjus Quenum14 mai 2013

Mohamed Bachar et Arko Dahiya ont trouvé la mort dans une attaque attribuée à des combattants appartenant à un groupe rival. L'attaque survenue en territoire tchadien a été condamnée par le régime en place à N'Djamena.

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Le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) est le principal groupe rebelle du Darfour
Le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) est le principal groupe rebelle du DarfourImage : Getty Images

Les deux leaders rebelles ont été tués à leur retour du Qatar où ils ont signé, le 6 avril 2013, un accord de paix avec le pouvoir du Soudan. Or, une partie de leur mouvement rebelle d'origine, le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) est opposée aux négociations démarrées depuis juillet 2011 au Qatar. L'embuscade qui a coûté la vie aux deux hommes est donc attribuée à des combattants appartenant à la faction rebelle hostile à l'accord de Doha.

Le pouvoir au Tchad se sent concerné

Les deux rebelles tués seraient "les créatures" du président tchadien Idriss Dédy Itno
Les deux rebelles tués seraient "les créatures" du président tchadien Idriss Dédy ItnoImage : picture-alliance/dpa

Selon des informations émanant du ministère tchadien des Affaires étrangères, l'assassinat serait survenu dans une zone située dans l'est du Tchad à la frontière avec le Soudan. Dans un communiqué en date du lundi 13 mai 2013, la diplomatie tchadienne dit condamner "énergiquement" la mort des deux chefs rebelles.

Mais selon Acheik Ibni Oumar, ancien ministre des Affaires étrangères du Tchad et actuellement basé en France, la réaction énergique du gouvernement tchadien révèle l'antagonisme existant au sein du régime à N'Djamena :

« Cet incident malheureux réflète plus les luttes au sein du régime à N'Djamena que les luttes au sein du Mouvement pour la justice et l'égalité du Darfour. Au sein du régime de N'Djamena il y a une aile au sein de la famille [du président] Déby Itno, à commencer par son frère, le sultan déchu Timan Déby qui soutient l'aile de Khalil Jibril leur leader légitime, et une aile dissidente que soutient Idriss Déby lui-même. Donc ça réflète aussi un conflit interne au sein du pouvoir tchadien. »

Quelle conséquence sur le terrain ?

Dr. Khalil Ibrahim, leader historique du MJE (centre) et d'autres chefs rebelles à une table de négociations
Dr. Khalil Ibrahim, leader historique du MJE (centre) et d'autres chefs rebelles à une table de négociationsImage : AP

Est-ce que la mort des deux chefs rebelles aura une conséquence négative sur les efforts de paix au Darfour, notamment l'accord de paix de Doha ? Non, selon l'humanitaire Jacky Mamou spécialiste de la crise du Darfour. Pour lui, l'accord de Doha n'était d'ailleurs pas une garantie de paix :

« Il n'y a aucun groupe important qui a signé ces accords de paix ! Ce ne sont que des petits groupes marginaux qui se sont engagés dans un processus de paix qui est sans cesse interrompu et qui n'a aucune valeur efficace sur le terrain. Il n'y a pas de processus de paix au Darfour ! C'est une blague ! C'est la blague que prolonge éternellement le gouvernement soudanais pour donner quelques gages à la communauté internationale et pendant ce temps, il continue ses exactions. »

Le Darfour est le théâtre d'un conflit qui a commencé en 2003, avec le soulèvement de groupes non arabes contre le régime de Khartoum, et qui a fait 300.000 morts et 2,7 millions de déplacés, selon l'ONU. Khartoum parle de 10.000 morts.

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