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Les anciens présidents ne seront-ils plus sénateurs à vie?

Antéditeste Niragira
22 décembre 2017

Au Burundi, la campagne pour le référendum constitutionnel bat son plein. Le projet de constitution révisée prévoit notamment que les anciens présidents du Burundi ne bénéficient plus du statut de sénateur à vie.

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Burundi Ex-Präsident Domitien Ndayizeye
Image : Getty Images/AFP/S. Maina

"Un ancien chef de l'Etat, c'est une valeur pour toute une nation" (Aloys Baricako)

C'est depuis l'An 2000 que chaque président burundais qui n'est plus en exercice bénéficie automatiquement du titre de "sénateur à vie". Trois anciens chefs d'Etat sont encore vivants et sont donc sénateurs. Le projet de nouvelle constitution entend les priver de ce privilège. De l'avis de Phénias Niyigaba, le porte-parole du parti Sahwanya FRODEBU, dont sont membres deux des trois anciens présidents, la mesure est déshonorante. "C'est vraiment très grave, même honteux pour notre pays, affirme-t-il. Ces personnalités qui ont occupé les hautes fonctions devraient avoir une considération au niveau de la société burundaise. Qu'on veuille les exclure de cette haute institution cache quelque chose. Ce sera une honte pour le pays, on veut les déshonorer mais, ce sera également un déshonneur pour notre pays. Le chef de l'État devrait les prendre comme ses conseillers particuliers au lieu de les rejeter dans la rue", conseille-t-il.

Burundi Ex-Präsident Sylvestre Ntibantuganya
Sylvestre Ntibantuganya a été président de 1994 à 1996Image : Getty Images/AFP/P. Guyot

Nous avons tenté de demander son avis à l'un d'entre eux, Sylvestre Ntibantunganya, le seul à résider de façon permanente à Bujumbura. Mais il a refusé de s'exprimer.

Remise en cause des valeurs

La mouvance présidentielle seule bat la campagne en faveur du referendum constitutionnel. Or pour Aloys Baricako, du Rassemblement National pour le Changement, la campagne où un parti fait cavalier seul n'en est pas un. Il déplore ce qu'il qualifie de dévalorisation des anciens présidents. "Prendre un ancien chef de l'Etat comme un simple citoyen, c'est aussi minimiser les valeurs, confie-t-il. Normalement un ancien chef de l'Etat, c'est une valeur pour toute une nation! Dans d'autres pays ils ont des activités continuelles qui les occupent. Avec l'Accord d'Arusha les anciens chefs de l'Etat devraient rester des sénateurs à vie. Maintenant qu'on a supprimé cette qualité et qu'on leur donne pas un autre statut c'est vraiment oublier qu'ancien chef de l'Etat est une valeur."

De futurs observateurs au Sénat

Pour Abel Gashatsi, le président du parti Union pour le Progrès National, la disposition ne pose pas de problème tant que les anciens présidents ont toujours le droit de participer aux sessions du Sénat. "Les anciens présidents de la République qui faisaient partie du Sénat auront désormais le droit de participer mais sans avoir le droit de voter, constate-t-il. Ils participeront au Sénat comme observateurs. Aujourd'hui, le Sénat fonctionne sans que les anciens chefs de l'État participent aux activités."