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Franz-Walter Steinmeier annule sa visite à Damas

Christophe LASCOMBES16 août 2006

La décision est tombée sur le tarmac jordanien, juste avant le décollage en direction de Damas : après le discours agressif de Bachir el Assad dans lequel le président syrien rejetait toute paix avec Israël et appelait les pays arabes à soutenir ouvertement les milices du Hezbollah, Franz-Walter Steinmeier a annulé au dernier moment sa visite officielle en Syrie. Un éclat diplomatique qui, sur fond de cessez-le-feu au Liban, attire ce matin l’attention des commentateurs de la presse allemande.

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Franz-Walter Steinmeier hier à Amman, lors de sa rencontre avec son homologue jordanien, Abdullah Al-Khatib.
Franz-Walter Steinmeier hier à Amman, lors de sa rencontre avec son homologue jordanien, Abdullah Al-Khatib.Image : AP

Damas devait pourtant être l’escale la plus importante dans ce troisième voyage officiel du chef de la diplomatie allemande, relève la Tageszeitung. Depuis des semaines, le Ministre allemand des Affaires étrangères tente de gagner la Syrie à jouer un rôle constructif au Proche-Orient et souhaite intégrer la puissance protectrice du Hezbollah dans le processus diplomatique.

La diplomatie allemande est devenue adulte, souligne die Welt. Malgré les excuses de son homologue syrien, le Ministre allemand n’a pas accepté de revenir sur sa décision. Après ce soufflet diplomatique infligé à Damas, Franz-Walter Steinmeier va se tourner vers l’Arabie Saoudite dans la poursuite ses efforts en vue de la pacification du Proche-Orient. Il est vrai que le roi Abdullah est plutôt critique vis-à-vis du Hezbollah et que Riad entre en ligne de compte pour une participation active au processus de paix.

Pour la Frankfurter Rundschau, cette annulation est un signal clair : le dialogue oui, mais pas à n’importe quel prix. Pour rompre son isolement, il faut savoir avancer vers les autres. Il n’empêche que cette annulation nécessaire est une déception pour l’ambition politique du ministre allemand. Jusqu’à présent, dans ce dossier compliqué du Proche-Orient, le credo de Franz-Walter Steinmeier était sa plaidoirie permanente en faveur d’une solution ouverte incluant toutes les parties en présence, pour si obstinées quelle soient et qu’elles se trouvent à Téhéran ou à Damas.

Le cessez-le-feu au Liban n’est pourtant pas synonyme de paix, relève la Süddeutsche Zeitung. Au-delà de la rhétorique gradiose de la résolution onusienne, au Proche-Orient seuls comptent les actes suivis d’effets. Rien n’est encore fait, la situation est fragile et le comportement des puissances dominantes de la région est encore imprévisible. Franz-Walter Steinmeier vient d’en faire l’expérience.

D’autant que, pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il ne faut pas être un sceptique invétéré pour supposer que les soldats chiites de l’armée libanaise pourraient être tentés de ne pas respecter leur obligation de neutralité. Et le discours enflammé du président syrien, même motivé par des raisons de politique intérieure, indique bien à quel point les bases sur lesquelles s’appuient les projets de paix sont fragiles, conclut le quotidien.