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Fritz Stuntz, marinier

19 avril 2010

L’argent ne fait pas son bonheur mais Friedrich "Fritz" Stuntz adore son travail. Agé de 68 ans, cela fait déjà 54 ans qu’il navigue à bord d’une péniche. La retraite ? Il n’y pense même pas.

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A bord de son bateau, aucun jour ne ressemble au précédent. Que ce soit à la barre, depuis sa cabine ou dans son lit chez lui – l’endroit d’où il regarde le soleil se lever dépend de la durée du voyage et de l’équipage. Une seule chose ne change jamais en revanche : son petit déjeuner, le même depuis 30 ans. Souriant, Fritz Stuntz décrit son rituel matinal : « le matin, je mange des flocons d’avoine – du lundi au samedi. Le dimanche, je m’autorise un œuf et un petit pain ». Plus une tasse de thé ou deux. Le café vient seulement plus tard, lorsqu’il est installé depuis longtemps dans la cabine de pilotage de son bateau.

Fritz Stuntz a déjà largement atteint l’âge de la retraite. Mais comme il travaille à son compte, le marinier continue de naviguer plusieurs fois par semaine. La passion de l’eau, il l’a dans le sang. Son père et son grand-père étaient eux aussi mariniers. « Sur un bateau on est libre », explique-t-il. Fritz Stuntz fait ce métier depuis un demi-siècle.

La cabine de pilotage: comme dans un cockpit

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La cabine de pilotage, de la haute technologieImage : DW

Le vieux gouvernail en métal est toujours à bord mais il appartient depuis longtemps au passé. Aujourd’hui, la cabine de pilotage ressemble à un cockpit. Tout y est neuf : le radar, la radio, l’ordinateur. « Quand j’ai commencé, chaque homme savait tout faire ». Autrefois, le métier de marinier s’apprenait sur le tas. « A l’époque, même les chefs venaient du transport. Aujourd’hui, les gens ont fait des études et pensent qu’ils savent tout mieux que tout le monde. »

Diriger le bateau, observer comment évolue les conditions météorologiques et le niveau des eaux, mais aussi nettoyer le pont et les soutes, réparer le moteur, entretenir le matériel – tout cela fait partie du quotidien de Fritz Stuntz. Mais celui-ci commence aussi à sentir le poids des années : « Je ne peux plus accomplir de travail physique », dit-il, avant d’ajouter : « avec les gars que nous employons ici, ce n’est pas nécessaire ». Fritz Stuntz a une confiance aveugle en son équipage : quatre hommes avec lesquels il s’entend à merveille.

Sur les eaux, la concurrence est rude

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Le capitaine est également un fin cuisinier. C'est lui qui régale son équipage.Image : DW

Fritz Stuntz est un monsieur de la vieille école : indépendant, propriétaire d’un bateau qu’il dirige lui-même. « C’est très beau de posséder son propre bateau mais cela demande beaucoup d’investissement ». Difficile de savoir avant la fin de l’année ce qui lui restera dans les caisses. Réparations, pannes, acquisitions – chaque sou compte car on ne sait jamais ce qui peut arriver. Son vieux bateau doit toujours être en parfait état technique. La concurrence est rude. « Ce n’est pas celui qui a le plus beau bateau qui récupère le chargement, c’est celui qui a le bateau le plus sûr. En général, le client donne sa marchandise au marinier le moins onéreux ». Pas facile de survivre en temps de crise. Pour se maintenir à flot, Fritz Stuntz transporte des graviers et de la ferraille. Le capitaine est malgré tout heureux. Il n’aurait pas imaginé faire autre chose.

Stress, un mot inconnu pour Fritz Stuntz

Le temps passe vite sur le bateau, surtout lorsque conversations et humour s’en mêlent. Le stress ? Fritz Stuntz ne connaît pas ce mot. Il nous livre son meilleur remède contre la nervosité : « je suis une personne croyante. Ce qui arrive, arrive ». Lorsqu’il a livré sa marchandise, il troque le gouvernail de son bateau contre le volant de sa voiture. Cela va très vite car sa voiture est toujours à bord. En quelques minutes, une grue la dépose à terre et Fritz Stuntz peut rentrer chez lui, à Virneburg, un petit village dans la région de Rhénanie-Palatinat. A la maison, sa femme et les quatre enfants de son fils unique, Torsten, l’attendent. Et devinez ce que fait Thorsten ? Il est marinier ! Une fois rentré chez lui, Fritz Stuntz retrouve aussi ses poissons rouges et ses carpes. Eux aussi aiment l’eau et ils aiment surtout quand leur patron rentre au bercail, ce qui signifie que le repas n’est pas loin.

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Quel que soit le temps, Fritz Stuntz aime être sur l'eauImage : DW

Fritz Stuntz a encore une habitude sacrée : il lit le magazine d’information « Der Spiegel ». Le journal attend patiemment son retour sur la table du salon. Le marinier s’intéresse aussi beaucoup à la politique et à l’économie. « Je suis impliqué dans la politique locale, pour l’Union chrétienne démocrate (le parti d’Angela Merkel, ndlr). J’essaie souvent de parler avec les hommes politiques et de leur faire part de mes critiques. Je ne me laisse pas embobiner. » Le quotidien de Fritz Stuntz est donc bien rempli. Un travail à plein temps, une famille, son engagement politique… il lui reste tout juste un peu de temps pour voir ses amis, parler avec ses voisins ou jouer aux cartes. « La plupart des gens ne vous connaissent que lorsque vous pouvez leur être profitable. Mais rencontrer des gens auxquels on a rien à prouver, je trouve ça très bien », dit-il plein de conviction. Fritz Stuntz – voilà un homme ouvert, honnête et crédible.

Auteur : Elisabeta Milosevska
Traduction : Konstanze von Kotze
Edition : Anne Le Touzé