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Gerhard Schröder chez les patrons

Yvon Arsenijevic16 juin 2004

Le chancelier Gerhard Schröder, terriblement malmené dimanche par les urnes, n’en reste pas moins fidèle à sa politique et à son Agenda 2010. Il l’a même dit aux patrons allemands, hier à Berlin. Et les patrons l’ont soutenu. Surprenant ? Pas forcément, quand on lit la presse allemande d’aujourd’hui.

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Le chancelier G. Schröder au BDI : « On continue ! »
Le chancelier G. Schröder au BDI : « On continue ! »Image : AP

« Les nouveaux amis du chancelier », titre la Frankfurter Rundschau en nous les montrant en photo, notamment le président de la Fédération de l’Industrie Allemande (BDI), Michael Rogowski, tout sourire, serrant la main d’un chancelier souriant lui aussi, mais sans donner tout de suite l’impression de vraiment y croire.

Il est vrai qu’il y a des instantanés qui peuvent vous plonger dans la plus grande perplexité, comme l’écrit de son côté la Märkische Allgemeine : on a entendu la longue plainte des sociaux-démocrates au lendemain de la gifle électorale de dimanche demandant « que fait-on maintenant ». On a entendu la réponse de leur chancelier, aussi brève et sèche que possible : « on continue ». Ce « on continue » qu’il a répété devant des patrons et pour lequel il a recueilli les applaudissements qu’il a tellement de mal à obtenir dans son propre camp, constate le journal de Potsdam.

Tout à fait dans l’air du temps, la Leipziger Volkszeitung, a vu une sorte d’« entraîneur fédéral des rouge et vert venir disputer un match à la maison organisé par les patrons », avec le risque inhérent à tous les clubs menacés de relégation, ajoute le journal : c’est qu’un jour ou l’autre, c’est toujours la faute de l’entraîneur.

Le chancelier peut se réjouir de l’appui et des encouragements des industriels, écrit de son côté le Nordbayerischer Kurier, mais peut-il vraiment en tirer parti après la catastrophe de dimanche ? S’il freine les réformes, le SPD applaudit mais le pays y perd. S’il « continue », comme il le dit, c’est l’Allemagne qui y gagne, mais une Allemagne qu’il ne gouvernera peut-être bientôt plus. Profond dilemme, conclut le journal, mais qui peut l’aider à en sortir ?

« Nous comptons sur vous ! », la Stuttgarter Zeitung rappelle la formule lancée par chef du patronat au chancelier pour l’encourager et estime qu’à la lumière du verdict des urnes dimanche dernier, tout le monde comprend mieux l’ampleur du risque pris par Schröder avec son Agenda. On comprend aussi peu à peu que les problèmes du parti social démocrate face à la rénovation en cours reflètent les problèmes d’une grande part de la société allemande face à des transformations nécessaires.

Un SPD malmené, représentatif de toute une société, elle aussi malmenée, celle de l’Allemagne d’après-guerre - c’est l’image que dessine la Berliner Morgenpost en précisant bien : même dans l’opposition chrétienne-démocrate, on devine que le parti gouvernemental, aussi médiocre soit-il, n’est pas le seul à être remis en question par la crise.