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Hartz IV s'attaque aux comptes d'épargne des enfants

Aude Gensbittel4 août 2004

Beaucoup de journaux se penchent aujourd’hui sur le plan Hartz IV, la grande réforme du marché du travail en Allemagne. Un plan qui prévoit notamment à partir de l’année prochaine l’alignement des allocations chômage de longue durée et de l’aide sociale. Pour calculer le montant de cette nouvelle aide, l’Etat prend en compte toutes les ressources de la famille, y compris les assurances souscrites par la famille et le compte d’épargne des enfants. Un principe qui est loin de plaire aux éditorialistes.

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Si les enfants ont plus de 750 euros sur leur compte d’épargne, ce sera autant d’argent en moins du côté des allocations familiales, c’est ce qu’écrivent les Stuttgarter Nachrichten. Ce sont donc les enfants et leur éducation qui payent le prix pour le chômage de leurs parents. On n’aurait pas pu faire mieux pour éliminer toutes les mesures de prévoyance, poursuit le journal. Par contre, les parents qui n’ont rien investi pour l’avenir de leur progéniture s’en sortent bien : ils reçoivent l’allocation complète pour leurs enfants. C’est là une conception bien particulière de la justice sociale, conclut le quotidien.

L’idée de base de la réforme – à savoir accorder l’aide de l’Etat à ceux qui en ont vraiment besoin – est juste en elle-même, estime pour sa part la Süddeutsche Zeitung. Ce qui est à revoir, ce sont les critères selon lesquels on décide qu’une personne est dans le besoin ou non. Pour le journal de Munich, la limite de 750 euros pour le compte d’épargne des enfants est beaucoup trop basse. De plus, alors que l’Etat cherche déjà à faire des économies dans le domaine de l’éducation, il est complètement absurde de s’attaquer aussi aux assurances spécialement créées pour protéger l’avenir des enfants en terme d’études ou de formation professionnelle.

Pour la Westdeutsche Allgemeine Zeitung, la loi mène à une situation paradoxale : si l’on se sent menacé par le chômage de longue durée – comme c’est le cas pour beaucoup aujourd’hui – on n’ouvrira surtout pas de compte d’épargne en prévision des études des enfants et on ne prendra pas non plus d’assurance vie. En effet, avec Hartz IV, la nouvelle devise générale c’est : profite et dépense ton argent aujourd’hui car tout ce que tu peux économiser te sera repris demain.

Rien n’est épargné, écrit la Tageszeitung, ni les économies des enfants, ni les réserves pour leurs études. C’est un constat bien amer pour les chômeurs. Mais ce qui est encore plus grave, c’est que le reste de la population semble s’en apercevoir seulement maintenant. Cela fait pourtant plus de six mois qu’on sait que les allocations chômage et l’aide sociale vont fusionner, rappelle la taz. Mais cette nouvelle agitation aura tout de même servi à quelque chose : on se rend maintenant compte, dans les autres couches de la société, des réalités quotidiennes de la pauvreté. Une pauvreté qui est moins loin qu’on croit.