Horst Köhler déclenche la polémique
13 septembre 2004ible.
Les humains ne sont pas des boules de flipper, écrit la Süddeutsche Zeitung, n’en déplaise aux ultra-libéraux. Contrairement aux escargots, les hommes ont non seulement besoin d’un toit qu’ils ne traînent pas sur leur dos, mais aussi d’un environnement social. C’est pourquoi les machines, c’est-à-dire le travail, doivent venir à eux, là où ils vivent, et pas le contraire. De plus, poursuit le journal, si les Allemands de l’Est, poussés par le chômage, se résolvent à l’exode préconisé par Horst Köhler, on peut faire une croix sur l’Allemagne de l’Est, où, déjà, des pans entiers de ville tombent en ruine, désertés par leurs habitants partis courir la chance ailleurs. Et après, on s’étonne de la radicalisation politique de la société est-allemande. Sans compter les aménagements et les coûts qu’induirait un transfert massif de population en direction de l’Ouest.
Die Welt
pense au contraire que « Köhler a raison ». Les différences existent et il n’y a pas de mal à cela. De toute façon, le pacte de solidarité, d’aide aux régions de l’Est, est là jusqu’en 2019. Et l’union allemande ne se fera pas à coups de subventions. Pour cela, l’Allemagne a besoin de franchise, comme celle du président.Un tout autre point de vue dans la Frankfurter Rundschau, qui estime qu’après tout, dire des vérités qui blessent, ça fait partie du boulot du président. Le problème, déplore le journal, c’est qu’Horst Köhler s’est borné à servir la simple litanie libérale qu’on entend partout. Et la Frankfurter Rundschau de se demander comment justifier qu’en Allemagne, à la frontière avec la République tchèque, les allocations-chômage nouvelle formule sont plus basses côté saxon que côté bavarois ? Et plutôt que de répondre à ces problèmes de disparités tarifaires et géographiques, le président, au nom de la liberté de l’homme moderne, ne laisse en gros le choix aux Allemands de l’Est qu’entre partir de chez eux ou rester pauvres. Des propos que l’éditorialiste qualifierait de cyniques s’il n’était le respect dû à la fonction de président.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung pense que la sacro-sainte égalité des niveaux de vie réclamée à corps et à cris par des générations d’hommes politiques, est une chimère, une utopie. Et selon le journal, le président n’a pas tiré à boulets rouges contre l’État social, mais contre cette idée simpliste et inatteignable, pas plus dans la RFA d’antan que dans l’Allemagne réunifiée.