1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Conceptualiser le discours de Sankara

Richard Tiéné15 octobre 2015

Le 28è anniversaire du décès de Thomas Sankara est le premier célébré sans l'ex-président Blaise Compaoré. Les autorités de la transition ont promis de faire la lumière sur l'assassinat du père de la révolution burkinabè

https://p.dw.com/p/1Gooo
D'après un rapport d'autopsie, le corps supposé de Thomas Sankara a été criblé de balles
D'après un rapport d'autopsie, le corps supposé de Thomas Sankara a été criblé de ballesImage : picture-alliance/dpa/AFP

Les enquêtes sur les circonstances de l'assassinat ont connu une avancée notable. Les rapports d'autopsie et d'expertise balistique ont été mis à la disposition des avocats et des proches des familles du coup d'Etat du 15 octobre 1987. Un putsch ayant conduit Blaise Compaoré au pouvoir. 28 ans après, Thomas Sankara continue d'être l'icône d'une jeunesse qui se veut toutefois réaliste.

Depuis l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et le coup d'Etat manqué du 16 septembre 2015 les langues se délient de plus en plus au sujet des circonstances de l'assassinat du leader de la révolution burkinabè.

Espoirs déçus

La jeunesse burkinabè s'est approprié le discours de Thomas Sankara
La jeunesse burkinabè s'est approprié le discours de Thomas SankaraImage : Getty Images/I. Sanogo

La grosse déception demeure la désunion des partis Sankaristes. Noufou Zougmoré, journaliste au bimensuel d'investigation "Mutations":

«Quand il y a eu l'ouverture démocratique, beaucoup de jeunes avaient eu de l'espoir parce que des formations politiques sankaristes étaient nées. Mais vous avez vu les différentes péripéties par rapport aux querelles internes que ces gens-là ont menées.»

Lona Charles Ouattara est un colonel de l'armée burkinabè à la retraite. Il est promotionnaire d'école et ami d'enfance de Thomas Sankara. A son avis, le leader de la révolution burkinabè était en voie de changer ses perceptions idéologiques qui continuent aujourd'hui encore de faire rêver des jeunes : «Sankara, à partir de 1967 s'est laissé convertir au communisme. A partir de 1987, je crois qu'il amorçait un revirement spectaculaire, ce que les autres, dont Blaise Compaoré, n'ont pas voulu. Donc c'est un héritage qui à mon avis, fait rêver la jeunesse.»

"Sankara n'était pas sankariste"

Thomas Sankara voulait un Burkina Faso qui compte sur ses propres forces
Thomas Sankara voulait un Burkina Faso qui compte sur ses propres forcesImage : picture-alliance/dpa

Noufou Zougmoré fait partie des jeunes qui relativisent la passion que certains jeunes burkinabè ont pour Thomas Sankara dans un monde en constante mutation. «Le président Thomas Sankara disait qu'il fallait oser inventer l'avenir. Et aujourd'hui, il faut innover. On ne peut pas reprendre les vieux discours, les vieilles actions. Il faut conceptualiser le sankarisme. Sankara n'était pas un théoricien, Sankara n'était pas sankariste, comme Marx n'était pas marxiste!»

"Il nous faut aujourd'hui prendre le temps de tirer les leçons et enseignements de notre action passée pour enrichir notre théorie et notre pratique de la révolution." Cet extrait du discours de Thomas Sankara prononcé à Bobo-Dioulasso le 4 août 1987 en dit long sur les perspectives politiques de son gouvernement révolutionnaire.

Richard Tiéné à Ouagadougou pour la DW