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Imbroglio au Mali

4 mai 2012

Les soubresauts qui ont agité la capitale malienne retiennent tout spécialement l'intérêt de la presse allemande.

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Combats à BamakoImage : dapd

Sanglants combats à Bamako, titre die tageszeitung. C'en est fini du coup d'Etat militaire pacifique qui fin mars a suscité l'espoir chez de nombreuses personnes. Avec la tentative de contre coup d'Etat, l'objectif du gouvernement de transition, à savoir organiser des élections libres et équitables dans un délai de 40 jours, est repoussé vers un avenir plus lointain. Repousée également, estime le journal, une solution durable, et acceptée par tous, pour le nord du Mali, contrôlé depuis le 6 avril par le MNLA, le Mouvement national pour la libération de l'AZAWAD. Or cette solution passe pour un élément central dans le conflit malien. Coup d'Etat et contre coup d'Etat, lit-on dans la Berliner Zeitung, qui, elle, estime que les événements du nord du pays ne jouent actuellement qu'un rôle secondaire pour le CNRDRE, la junte donc qui a pris le pouvoir le 22 mars. Et cela, poursuit le journal, bien que les officiers aient arraché le pouvoir en motivant leur action par les hésitations du président Amadou Toumani Touré face aux agissements d'islamistes radicaux et de sécessionnistes. Ce qui est sûr, souligne le journal, c'est que la situation au Mali, frappé par un coup d'Etat, une sécession et une crise alimentaire, est encore plus compliquée depuis l'attaque de troupes loyales au président déchu.

Kämpfe in Mali Mai 2012
Blindé de la junteImage : Reuters

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Cheik Modibo Diarra, le premier ministre, a herité d'une tâche qui n'a rien d'enviable. Il doit réunifier le pays, dont le nord est occupé par des rebelles touaregs et des islamistes radicaux, et il doit garantir le retour à l'ordre constitutionnel. C'est d'autant plus difficile que le comportement de nombreux protagonistes est imprévisible, les échanges de tirs nocturnes à Bamako mardi dernier en ont apporté une nouvelle fois la preuve. Or, poursuit le journal, Cheick Modibo Diarra est tout sauf un homme politique chevronné. Il s'y connaît néanmoins dans les équations complexes, ce qui est un avantage dans l'imbroglio malien. Et le journal de rappeler qu'à 60 ans Cheick Modibo Diarro a acquis une réputation mondiale comme astrophysicien.

DRC Rebellenführer Jean Bosco Ntaganda
Jean Bosco NtagandaImage : dapd

Ntaganda en fuite

Un autre foyer de crise, plus récurrent celui-là, refait surface cette semaine dans la presse allemande, c'est l'est de la République démocratique du Congo. Dans la province du Nord-Kivu des milliers de personnes sont de nouveau en fuite. Elles fuient les combats entre l'armée régulière congolaise et un groupe de soldats déserteurs commandés par l'ancien général congolais Bosco Ntaganda. Ancien général et criminel de guerre présumé, rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui écrit que Bosco Ntaganda est un vestige de la grande guerre au Congo, celle qui a commencé avec le génocide de 1994 au Rwanda. A l'époque, le Tutsi Ntaganda, qui appartient à la minorité tutsi congolaise des Banyamulenge, combattait aux côtés de l'actuel président rwandais Paul Kagamé contre le régime hutu responsable du génocide. Lorsque la milice hutu Interahamwe s'est exilée au Congo et y a été pourchassée par Kagamé, Ntaganda a fait son apparition dans le Nord-Kivu. Il est devenu la tête militaire des Forces patriotiques pour la libération du Congo, la milice de Thomas Lubanga, tenue pour responsable d'innombrables massacres dans la région de l'Ituri. Plus tard, poursuit le journal qui retrace donc la carrière guerrière de Ntaganda, il est apparu aux côtés de Laurent Nkunda, lui aussi un Banyamulenge, qui affirmait se battre contre les milices hutues des FDLR et qui, ce faisant, a exterminé des villages entiers. Dans les deux milices, celle de Lubanga et celle de Nkunda, Bosco Ntaganda, souligne le journal, a toujours été l'homme de Kigali. En 2009, après le rapprochement entre les gouvernements de Kigali et de Kinshasa, Ntaganda a quitté Laurent Nkunda, avec ses combattants, pour être intégré comme général dans l'armée congolaise. Les succès, parfois spectaculaires, remportés peu après par l'armée congolaise contre les FDLR sont avant tout l'oeuvre de Ntaganda. Grâce au service de renseignement militaire rwandais, il disposait d'excellentes informations. Mais conclut le journal, au début du mois dernier Ntaganda a disparu de sa maison de Goma, située à un jet de pierre littéralement de la frontière rwandaise. Son extradition vers la Cour pénale internationale aurait été imminente, ce que conteste le président Kabila, du moins publiquement , précise la FAZ dans cet article paru le 2 mai.

Zimbabwe Afrika Armut
Pauvreté au ZimbabweImage : AP

Conflit de médecines

Un quotidien suisse - de langue allemande - la Neue Zürcher Zeitung publie un article sur la cohabitation, parfois conflictuelle, entre médecine traditionnelle et médecine occidentale en Afrique. Et c'est le Zimbabwe qui est pris comme exemple. L'article est signé par un Suisse qui depuis huit ans dirige à Harare une clinique pour des miséreux malades du sida. Il arrive parfois, lit-on sous sa plume, que des patients de notre clinique ratent une consultation. Souvent c'est l'argent qui manque pour prendre le bus. Mais ces derniers temps nous entendons dire régulièrement qu'un patient a été guéri par un guérisseur traditionnel et qu'il a cessé de prendre ses médicaments. Cela est arrivé tout dernièrement avec un jeune de 17 ans, persuadé d'avoir été libéré du sida par un guérisseur. Trois semaines plus tard il est revenu, gravement malade, avec son oncle. Cette fois-ci nous avons pu le convaincre de reprendre la thérapie. Ce jeune n'est pas un cas isolé. Et il est dangereux, souligne l'auteur de l'article, de se dresser contre la médecine traditionnelle. Dans le cas idéal, les deux médecines se complètent. Mais pour des maladies infectieuses comme le sida et la tuberculose, qui avec un traitement correct réagissent très bien à une thérapie occidentale, il est difficile d'accepter que la médecine traditionnelle africaine fasse obstacle à la médecine moderne.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum