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Impunité pour les tortionnaires au Kenya

Marie-Ange Pioerron22 novembre 2013

Le Kenya est devenu en Afrique une plaque tournante de la lutte anti-terroriste. Mais des abus sont commis au nom de cette lutte. La presse allemande les dénonce.

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Après un attentat dans la ville de Mombasa, octobre 2013
Après un attentat dans la ville de Mombasa, octobre 2013Image : Getty Images/AFP

La Süddeutsche Zeitung se penche sur l'unité anti-terroriste de la police kényanne. C'est une unité spéciale qui tue et torture en toute impunité. Le journal relate par exemple comment elle a arrêté l'islamiste Mohamed Abdulmalik, puis l'a détenu et maltraité pendant deux semaines en l'interrogeant sur de prétendus projets d'attentats. Il a été conduit ensuite à l'aéroport de Nairobi et remis à des fonctionnaires américains. De la routine, écrit le journal, qui s'indigne un peu plus loin de l'appui apporté par la police judiciaire allemande à la police kényanne. Un appui qui prend la forme de stages de formation à la lutte anti-terroriste - il y en a eu pas moins de 17 ces trois dernières années - mais aussi de cadeaux comme des jeeps blanches de la marque Nissan. Pourquoi une telle aide? La réponse du gouvernement allemand, citée dans l'article: dans les séances de formation "seules des méthodes de travail compatibles avec les principes de l'Etat de droit et le respect des droits de l'homme sont enseignées." Une réponse qui ne convainc pas notre confrère, car souligne-t-il, appuyer, équiper et entraîner les commandos de torture d'un gouvernement africain ne fait vraiment pas honneur à un pays comme l'Allemagne.

Réfugiés érythréens dans le nord de l'Ethiopie
Réfugiés érythréens dans le nord de l'EthiopieImage : DW/Getachew Tedla Hailegeorgis

L'exode des Erythréens

L'Allemagne accueille par ailleurs des réfugiés africains, entre autres Erythréens. Selon le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, la communauté érythréenne à Francfort à augmenté. Mais ce qu'elle a à raconter tient du film d'horreur. Ces réfugiés, lit-on dans ce journal, ont derrière eux un exode qui ressemble à une torture. La plupart des Erythréens qui fuient leur pays, passent par la presqu'île du Sinaï, puis Israël, pour gagner l'Europe. L'Erythrée, note le journal, est parmi les pays les plus pauvres au monde, mais si de plus en plus d'Erythréens quittent leur pays c'est pour échapper à la répression politique et religieuse. Interrogatoires et arrestations arbitraires, longs séjours en prison sans procès, torture, baillonnement de la presse, les atteintes aux droits de l'homme, souligne le journal, sont nombreuses. Le gouvernement justifie cette répression par le fait que son conflit avec l'Ethiopie n'est pas encore terminé, que le pays est toujours menacé et se trouve même, inofficiellement, en état de guerre.

Lors de la création du parti de Malema, octobre 2013
Lors de la création du parti de Malema, octobre 2013Image : DW/T. Khumalo

Halte au massacre des rhinos

Autre sujet: l'Afrique du sud qui retient l'intérêt de la presse allemande pour plusieurs raisons. Tout d'abord l'hécatombe chez les rhinocéros, victimes d'un braconnage qui alimente des pays comme le Vietnam et la Chine où la poudre de la corne de rhinocéros est considérée comme un remède miracle. Cette année 854 animaux ont déjà été abattus, dont 451 dans le seul parc Krüger, note la Berliner Zeitung. On ne peut reprocher au gouvernement sud-africain de ne rien faire, souligne le journal. 400 rangers sont stationnés dans le parc Krüger pour lutter exclusivement contre les braconniers, ils sont appuyés par 200 soldats. Mais rien n'y fait, car même si une vingtaine de braconniers ont été tués ces dernières années, même si des dizaines d'autres ont été arrêtés, il y a toujours des candidats, pauvres et désespérés, pour prendre la relève.

Dans le centre d'Accra, Ghana
Dans le centre d'Accra, GhanaImage : Anneselma Bentil

Malema ou la voie du populisme

Toujours en Afrique du sud, Julius Malema est maintenant à l'abri des poursuites judiciaires jusqu'aux élections de 2014. Cela donne ce titre dans die tageszeitung: "la voie est libre pour la nouvelle gauche populiste". Un tribunal a ajourné jusqu'en septembre 2014 le procès pour corruption intenté à l'ancien président de la ligue de jeunesse de l'ANC. Il va pouvoir mettre le cap sur l'élection présidentielle d'avril 2014 avec son nouveau parti, les Combattants de la liberté économique, note le journal. Malema a ses partisans, il parle pour les pauvres qui depuis la fin de l'apartheid et l'accession de l'ANC au pouvoir en 1994 attendent toujours une amélioration de leurs conditions de vie. Près de 40% des Sud-Africains, et même la majorité chez les jeunes, sont au chômage. Cette évolution attriste celle que le Tagesspiegel de Berlin qualifie d'inflexible. Il s'agit de l'écrivaine sud-africaine, blanche, Nadine Gordimer, qui vient d'avoir 90 ans. Son combat contre l'apartheid a conditionné toute sa vie, écrit le journal. Mais ces dernières années elle ressent ce qu'elle appelle "une gueule de bois nationale", à la lumière des anciens idéaux de l'ANC. Au lieu d'une égalité grandissante, elle voit la corruption et le népotisme à l'oeuvre.

Le décollage de l'Afrique

Enfin l'hebdomadaire Der Spiegel publie un article très positif sur l'Afrique. Il est intitulé "Les lions sont lâchés". Il s'agit de l'émergence d'une classe moyenne sur le continent africain. Les faits sont là, écrit le Spiegel, au cours de la dernière décennie, aucun autre continent n'a connu une croissance économique aussi rapide. Beaucoup de pays sont aussi mieux gouvernés, l'Afrique est devenue plus pacifique et plus démocratique. Au-delà des zones de conflit chroniques que sont le Congo, le Soudan et la Somalie, le nombre de guerres civiles, de coups d'Etat militaires et d'excès de violences a diminué. Et le Spiegel d'évoquer aussi la révolution qui est en train de s'accomplir en Afrique dans le secteur des technologies de l'information et de la communication.