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Indignation face au veto de Pékin et Moscou

5 février 2012

Une fois de plus, la Chine et la Russie ont empêché samedi soir l’adoption au Conseil de Sécurité de l’Onu d’une résolution condamnant les violences en Syrie. Leur veto a suscité de vives critiques à travers le monde.

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Des manifestants syriens dénoncent le soutien de la Russie à leur présidentImage : AP

Le texte soumis au vote du Conseil de Sécurité condamnait les violations des droits de l'Homme par le régime du président Bachar al-Assad et appelait à une transition démocratique suivant le plan de sortie de crise proposé par la Ligue arabe. Les 13 autres membres du Conseil se sont exprimés en faveur de cette résolution, mais le droit de veto dont disposent la Chine et la Russie aura suffi pour empêcher son adoption.

Indignation générale

La décision de Pékin et de Moscou a suscité de larges critiques au sein de la communauté internationale, d'autant plus qu'elle a été prise au lendemain de bombardements de l'armée syrienne sur la ville de Homs qui ont coûté la vie à plus de 230 civils selon l'opposition. Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a fait part de sa grande déception. L'ambassadrice des Etats-Unis à l'Onu, Susan Rice, a parlé d'un vote « honteux ». Le chef de la Diplomatie allemande, Guido Westerwelle, a appelé à la poursuite des efforts pour condamner les violences :

UN Sicherheitsrat 04.02.2012
C'est la deuxième fois que Moscou et Pékin bloquent une résolution sur la SyrieImage : dapd

« Cette décision est très décevante. C'est clairement une mauvaise décision. Mais nous n'allons pas abandonner. Sinon, c'est la population syrienne que l'on abandonne. Et nous nous devons de l'aider et d'être solidaires. »

Le directeur de l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch, Kenneth Roth, a de son côté jugé que le veto de Moscou et Pékin avait rendu le Conseil de Sécurité superflu et qu'une réforme s'imposait au sein des Nations Unies :

« Le projet de résolution propose à New York ne contenait ni d'embargo sur les armes, ni de sanctions, ni de renvoi devant un tribunal international, il excluait explicitement une intervention militaire et pourtant [le Premier ministre russe Vladimir] Poutine ne pouvait pas supporter l'idée que la communauté internationale tienne tête à un dirigeant autoritaire. C'est honteux. »

Colère des pays arabes

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La ligue arabe a proposé un plan de sortie de crise pour la Syrie, jusqu'à présent non respecté par le régimeImage : picture-alliance/dpa

Le Conseil national syrien, qui regroupe la plupart des mouvements d'opposition, a déclaré que le veto russe et chinois équivalait à donner au régime de Bachar al-Assad un « permis de tuer dans l'impunité ». De nombreux participants de la conférence internationale sur la sécurité à Munich (sud de l'Allemagne), notamment les représentants des pays arabes ont eux aussi montré leur profonde désapprobation. Le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali a exhorté tous les pays à suivre l'exemple de la Tunisie et à expulser les ambassadeurs de Syrie. Une demande appuyée par la journaliste yéménite Tawakkol Karman, co-lauréate du prix Nobel de la paix 2011. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Mohamed Amr, a déclaré que la situation en Syrie était « inacceptable » et qu'il fallait mettre un terme au « bain de sang » dans le pays.

« Pas assez d'efforts de la part des Occidentaux »

Syrien Gewalt Demonstration
Manifestation anti-Assad après la prière du vendredi à Baba Amro, près de HomsImage : REUTERS

La Chine a justifié sa décision en expliquant que ce veto était destiné à permettre « la poursuite de la recherche d'un règlement pacifique de la crise syrienne, épargnant ainsi au peuple syrien de nouveaux troubles et victimes ». C'est ce qu'a affirmé dimanche l'agence officielle chinoise. La Russie a de son côté estimé que les pays occidentaux n'avaient pas fait assez d'efforts pour atteindre un consensus. Selon le ministère russe des Affaires étrangères, certaines exigences du texte ressemblaient à des « ultimatums », notamment concernant le départ du président syrien. De plus, Moscou souhaite une condamnation plus vive des attaques des opposants armés. Le ministère a fait savoir que le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, se rendrait en Syrie mardi prochain pour rencontrer le président Bachar al-Assad et le presser de mettre en place des « réformes démocratiques indispensables » pour stabiliser le pays.

Auteur : Aude Gensbittel (avec dpa, AFP, reuters)
Edition : Mulay Abdel Aziz