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Irak: Avenir incertain malgré le succès des élections

Yann Durand31 janvier 2005

Les élections en Irak a été un succès, s’accordent à dire les observateurs en se référant au fort taux de participation. Un grand pas vers la démocratie a été réalisé certes, mais que réserve l’avenir à un pays qui vient de voter sous la menace des attentats et dont la diversité ethnique demeure source d’inquiétude? La presse allemande salue ce matin le courage des électeurs en Irak mais se montre aussi réservée quant à la portée politique du scrutin.

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Voter: un acte civique et courageux en Irak
Voter: un acte civique et courageux en IrakImage : ap

Le vote en Irak a été un événement sous le signe de la joie mais aussi de la mort, commente la Süddeutsche Zeitung Au nord comme au sud les gens ont afflué, admirables de volonté. Mais avant le décompte des voix il y aura celui des cadavres. Bombes à Bagdad et Basra, attaques dans beaucoup de régions du pays – la démocratie a été la cible d’un tir nourri. Cependant les résistants ont échoué dans leur objectif d´empècher les élections. Et cette bonne nouvelle est à mettre au crédit de chaque irakien qui en danger de mort a remplit son bulletin.

Plus critique s’exprime la Frankfurter Rundschau. Le scrutin est réussi puisqu’il a eut lieu. Mais il n’a été ni libre, car réalisé en état d’urgence et sous la menace des islamistes ; ni équitable car les candidats triés sur le volet par les forces d’occupation ont joui d’un monopole médiatique ; ni démocratique, les noms d’une majorité de candidats n’ayant été dévoilés qu’au dernier moment. Et le journal de conclure que la séparation ethnique c’est vu consolidée, qui augure d’un conflit entre le centralisme Schiite bagdadi et le fédéralisme décentraliste kurde.

Même son de cloche dans la Tageszeitung de Berlin. Schiites et kurdes ont saisi la chance historique d’obtenir le pouvoir par les suffrages, tandis que les sunnites représentant 20 % de l’électorat potentiel se sont abstenu sachant que leur participation n’aurait rien changé à l’issue. En tous cas poursuit le journal c’est une ironie que des arabes sous occupation aient l’opportunité de voter – en Palestine ou en Irak – alors que des régimes arabes leurs refusent ce droit. L’occident qui encourage avec ferveur le processus de démocratisation devra en assumer les conséquences. 60% des suffrages pour le Hamas en Palestine et en Irak selon les premières estimations une liste schiite proche de Téhéran l’aurait emporté.

Pas de quoi se réjouir non plus pour la Frankfurter Allgemeine qui craint pour l’avenir. Dans quelle mesure peut-on, malgré la reconnaissance de son autonomie, forcer un pays instable, que l’on a qualifié de « poste avancé de la tyrannie » à adopter le modèle de la démocratie occidentale ? s’interroge le journal. Cela peut signifier un retour au colonialisme, à un mandat ou un protectorat. Les balkans en sont l’exemple. Le cas du Kosovo a montré que le droit à l’autonomie politique et la sécurité internationale ne font pas toujours bon ménage.