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Jean-Paul II : un symbole contradictoire

Yann Durand4 avril 2005

La disparition du Pape Jean-Paul II laisse le monde catholique orphelin d’une figure charismatique hors du commun. Mais si le souverain pontife à la volonté de fer et au caractère moderne a certes influé sur son temps, il a aussi maintenu l’église sur un cap conservateur. Il incombera à son successeur de l’en écarter. C’est en substance ce que l’on peut lire dans les commentaires de la presse allemande aujourd’hui.

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La dépouille mortelle de Jean-Paul II
La dépouille mortelle de Jean-Paul IIImage : dpa

Ce serait une erreur de juger trop hâtivement le pontificat d’un grand homme immédiatement après sa mort, prévient la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il ne s’agit pas de se perdre dans les détails, remarquer ceci et cela, exagérer à l’extrême ou amoindrir ses mérites. C’est le sentiment de vide qui prévaut. Nous commencons lentement à comprendre qui nous a quitté. Le monde à perdu un grand Juste. Jean Paul II, celui qui aimait les hommes, va manquer à l’humanité.

Cela ne va pas faciliter la tâche de son successeur, remarque la Frankfurter Rundschau pour laquelle Jean-Paul II a tellement personnifié la fonction, que le prochain pape devra d’abord se libérer de cette influence, avant lui-même de marquer l’église de son empreinte. Il serait impardonnable qu’un souverain pontife forme son image en dénigrant celle de son prédécesseur, poursuit le journal, l’éthique d’une église considérant la volonté de Dieu et la vérité comme éternellement valide, l’interdit. Cette structure conservatrice n’engendre pas forcément l’immobilisme. Au contraire.

Car, observe la Süddeutsche Zeitung, comme toute grande personnalité Jean –Paul II était aussi un frein. Certes son charisme a fait des merveilles dans la société civile universelle, mais en même temps il a bloqué l’évolution au sein de l’église. Même le diocèse de Rome doit faire appel à des écclésiatiques venus du tiers-monde pour pallier au manque d’effectif. et les salles du vatican dédiées à la théologie fascinent plus les intellectuels agnostiques que ses propres ouailles. Mais surtout conclut le journal, l’institution refuse toujours de reconnaitre que le rapport entre hommes et femmes ainsi que la reproduction de l’être humain ont évolué.

Même son de cloche dans le quotidien Die Welt qui voit en le défunt pape un homme de contradiction qui n’a pu réformer l’Eglise. Cela incombera à son successeur car depuis longtemps, ce ne sont plus seulement les cardinaux de l’aile libérale qui mettent en cause les vues fondamentalistes concernant la morale sexuelle, le divorce et les droits des femmes. La discussion est au sein même de l’institution. En tous cas Jean-Paul II a suivi son destin constate le journal, il savait que l’Évangile ne ménage pas une vie facile. Il a accepté de rester un symbole contradictoire.