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Joschka passe à la télé !

Yvon Arsenijevic26 avril 2005

Grande première hier en Allemagne : un ministre, en l’occurrence celui des affaires étrangères, comparaissait devant une commission d'enquête et cette comparution était entièrement retransmise en direct à la télévision ! Joschka Fischer devait répondre du laxisme de son ministère dans la délivrance de visas aux ressortissants d’Europe de l’Est. Le ministre a répondu... pendant 12 heures d’affilée... avec quelques « blancs »... Les commentaires de la presse.

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Le ministre des Affaires Étrangères, Joschka Fischer, devant la commission d'enquête : du calme !
Le ministre des Affaires Étrangères, Joschka Fischer, devant la commission d'enquête : du calme !Image : AP

« Écrivez-le, c’est Fischer qui est fautif » - la formule lancée par le ministre au président de la commission d’enquête qui insistait sur tel détail de l’affaire est reprise par quasiment tous les journaux, et même en titre sur six colonnes par DIE WELT.

La FRANKFURTER RUNDSCHAU colle bout à bout trois captures d’écran du ministre en action pour lui faire dire à peu près la même chose avec les mains : contrairement au célèbre singe chinois qui n’a rien vu, rien entendu, rien dit, Fischer, lui, sait tout, il endosse tout et tout le monde doit se calmer.

Se calmer ? Les commentateurs refusent manifestement.

On a certes la BERLINER ZEITUNG qui a l’impression d’avoir assisté à un « beau morceau de télé-réalité » (mieux que le « Tribunal » de RTL, se félicite sincèrement le journal).

On a aussi l’OSTSEE-ZEITUNG qui a retrouvé le « bon vieux pro des médias, éloquent et retors », parvenant même à « transformer » une audition chargée de faire la lumière sur ses responsabilités dans une affaire de visas accordés avec trop de laxisme en « plaidoyer pour la liberté de circulation ». « Victoire aux points pour Fischer », conclut notre confrère de Rostock.

Mais de l’autre côté, face à ce ministre Vert télégénique en diable, on a également la MITTELBAYERISCHE ZEITUNG, qui voit en lui un comédien, « digne d’Hollywood », insiste le commentateur, « sachant marquer tour à tour l’ennui, la suffisance, la componction, la morgue, la condescendance, l’application, l’agressivité, la volubilité, l’autocritique ou le sarcasme. » ... « Mais d’éclaircissements sur le scandale, conclut le journal de Ratisbonne, point ! »

Critique encore plus vive du HANDELSBLATT de Düsseldorf pour qui : si la télé peut servir des hommes comme Fischer, « elle ne pardonne rien ». De la prestation d’hier, les téléspectateurs retiendront donc aussi le « Fischer nerveux, qui cherche longtemps sa réponse quand on lui demande si l’on peut diriger un ministère comme il le fait. »

DIE WELT, quant à elle, retient le Fischer oublieux, l’« acrobate de la mémoire », comme le qualifie le journal de Berlin, qui laisse à son avis une seule impression : celle « d’un ministre qui ne contrôle plus sa boutique. ».

Pour le reste, l’avenir du ministre, comme le rappelle la FRANKFURTER ALLGEMEINE ZEITUNG, ce n’est pas la commission d’enquête qui décide, mais le chancelier. Alors, peu importe ici la vérité. C’est l’effet qui compte. Fischer a fait de son mieux. On verra si cela suffit, conclut le journal de Francfort.