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Justice et intégration à deux vitesses

Anne Le Touzé27 janvier 2009

Deux sujets sont largement commentés ce mardi: le verdict plutôt clément dans le procès pour fraude fiscale de l'ex-chef de la Deutsche Post, Klaus Zumwinkel, et une étude sur la mauvaise intégration des immigrés turcs.

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Image : AP

Deux ans de prison avec sursis pour le détournement de près d'un million d'euros : clémence contre repentance, voici les termes du contrat passé avant le procès entre la défense et l'accusation, explique la tageszeitung : en reconnaissant les faits, Klaus Zumwinkel n'avait donc pas à craindre de faire de la prison. Pour la taz, ce marché conclu en coulisses nuit à l'image de la justice. On en garde l'arrière-goût désagréable d'une justice à deux vitesses.

Un avis que ne partage pas du tout la Frankfurter Allgemeine Zeitung. C'est une erreur de croire que de passer des accords avec la justice est le privilège des riches et des puissants. On peut discuter de cette disposition légale, mais celle-ci est applicable également au dealer, qui peut alléger sa peine en passant aux aveux ou en livrant ses complices. Cette disposition, rappelle le journal, est un facteur reconnu pour le calcul d'une peine dans le code pénal allemand et non révélatrice d'une justice à deux vitesses.

Die Welt salue également le verdict. Pour ses fautes, Klaus Zumwinkel va devoir payer au total 4,9 millions d'euros, ce qui est une somme considérable, même pour un ancien patron du DAX. Par ailleurs, c'est en dehors du tribunal qu'il a récolté sa vraie punition : pour quelqu'un qui a consacré sa vie à sa carrière, se retrouver au ban de la société à l'heure de la retraite revient à avoir tout perdu. Ceux qui considèrent malgré tout que dans ce pays, les petits sont jugés plus sévèrement que les grands, n'oublient pas seulement que Klaus Zumwinkel est désormais stigmatisé, ils nient aussi la réalité de la société, dans laquelle les tricheries dans les déclarations d'impôts et le travail au noir sont devenus des phénomènes de masse.

Concernant l'étude sur l'intégration réalisée par le Berlin-Institut et qui affirme que les immigrés turcs sont mal intégrés en Allemagne, la Süddeutsche Zeitung s'indigne : ce regard chargé de reproche sur les immigrés turcs révèle une amnesie collective. Ceux qu'on nommait jusque dans les années 1970 les "travailleurs invités" (Gastarbeiter) ont été amenés en connaissance de cause en Allemagne pour devenir la nouvelle classe inférieure, chargée de faire le travail que les Allemands trouvaient trop sale ou trop dangereux. La plupart d'entre eux n'ont apporté aucun diplôme ou certificat scolaire, certains membres de leurs familles étaient même analphabètes. Peut-on sérieusement attendre que leurs enfants peuplent aujourd'hui les universités allemandes ?