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Köhler contre la privatisation du contrôle aérien

Aude Gensbittel25 octobre 2006

Au cœur des commentaires des journaux aujourd’hui : l’opposition du président Horst Köhler à la privatisation de l'autorité allemande du contrôle aérien, la Deutsche Flugsicherung. Le président a refusé hier de promulguer une loi adoptée par le parlement car selon lui elle ne respecte pas la constitution. Horst Köhler estime en effet que l’Etat doit conserver le contrôle de la Deutsche Flugsicherung et ne peut pas y avoir seulement une participation minoritaire. Voilà qui vient contrecarrer les plans du gouvernement d’Angela Merkel, qui espérait vendre au privé une grande partie de la société de contrôle aérien et en tirer un milliard d’euros.

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Contrôle aérien à l'aéroport de Dresde
Contrôle aérien à l'aéroport de DresdeImage : AP

Le contrôle aérien est une grande responsabilité et doit fonctionner à un haut niveau, estime la Tageszeitung. Mais il n’est pas absolument nécessaire que l’Etat assume lui-même cette fonction. Après tout, il ne garantit pas automatiquement plus de sécurité pour le trafic aérien, comme l’a montré l’accident à Überlingen en 2002. Un accident qui a causé la mort de plus de 70 personnes et qui était dû à des négligences de l’autorité suisse de contrôle aérien, Skyguide.

Le journal die Welt penche en faveur d’une privatisation de la société de contrôle aérien, notamment parce qu’elle elle apporterait beaucoup d’argent dans les caisses de l’Etat. De plus, écrit le quotidien, l’exemple de la Grande-Bretagne montre que les gérants privés sont capables de baisser les coûts du contrôle aérien, tout en réduisant des retards inutiles, ce dont profitent les voyageurs. Reste la question de la sécurité. L’expérience a montré, justement dans le domaine de l’aviation, que les investisseurs privés sont plus enclins que les organisations publiques à utiliser de nouvelles technologies moins coûteuses pour effectuer leurs tâches avec efficacité, surtout quand la concurrence est grande.

Pour la Süddeutsche Zeitung, en refusant de signer la privatisation de la Deutsche Flugsicherung, Horst Köhler soulève des questions politiques essentielles. Il ne s’agit pas seulement du contrôle aérien, mais de bien plus : il s’agit du rôle même de l’Etat. Combien l’Etat peut-il céder au privé de sa souveraineté et de ses fonctions ? La santé publique, l’approvisionnement en eau, le réseau routier, les prisons ? Les fonctions policières ? La sécurité aérienne est une fonction policière spéciale. Où sont les limites de la privatisation ? L’Etat a-t-il le droit de se dégager ainsi de ses responsabilités ? Peut-il, pour des raisons financières, abandonner des tâches qui sont essentielles pour les citoyens ? Derrière toutes ces interrogations, il y a une inquiétude que les juges de la cour constitutionnelle ont déjà formulée à plusieurs reprises : A quoi sert encore l’Etat, s’il abandonne toutes les fonctions qui font son essence même ? Le président allemand force à présent la classe politique à se confronter à ces questions primordiales. Et jusqu’à présent, c’est l’action la plus importante de son mandat.