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"C'est un monologue, pas un dialogue"

Wendy Bashi9 septembre 2016

Le candidat Moïse Katumbi n'est pas convaincu par le dialogue en cours en RDC, mais se dit toutefois ouvert au dialogue. Mais l'ancien gouverneur du Katanga a ses propres plans pour la RDC. Interview.

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Kongo Oppositionspolitiker Moise Katumbi
Image : Reuters/K. Katombe

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Libération des prisonniers politiques et cessation des poursuites judiciaires, voilà quelques-uns des préalables que Moïse Katumbi cite, pour conditionner sa participation au dialogue. Mais il le maintient: "le 19 décembre, Joseph Kabila sera dans l'illégalité, (...) la population congolaise va récupérer le pouvoir". Moïse Katumbi, qui travaille à son programme - et promet du changement "dans les trois ans". Comment convaincre ceux qui voient en lui un cheval de troie du gouvernement, lui qui a quitté le parti au pouvoir il y a à peine un an? Wendy Bashi lui a posé la question, entres autres.

DW : On a entendu dire beaucoup de choses sur votre état de santé, notamment que vous avez été victime d’empoisonnement, comment vas Moise Katumbi aujourd’hui ?

MK : Moise Katumbi est très bien portant. Sa lutte est de rentrer au pays, et qu’on puisse faire respecter notre constitution. Je suis candidat à la présidence de la république et j’irais jusqu’au bout.

DW : Vous avez parlé hier d’un monologue à Kinshasa. Actuellement on parle aussi d’un dialogue inter congolais, sous la houlette de l’Union Africaine et de plusieurs participants. En tant que personnalité politique comment qualifiez-vous ce dialogue ?

MK : C’est un monologue. Nous ne refusons pas d’aller au dialogue. Mais nous n’allons pas accepter ce que ce monologue va nous dicter. Vous vous rendez compte, le premier opposant Etienne Tshisekedi n’est pas là. Plusieurs partis politiques ne sont pas là, la vraie société civile n’est pas là. Moi je ne sais de quel dialogue parlent-ils ? Même l’Eglise Catholique l’a bien répété, il faut l’inclusion.

DW : Monsieur Katumbi, de quels moyens disposez vous pour faire partir le président Kabila, au terme de son deuxième mandat officiel, le 19 décembre ?

M K : Après le 19 décembre, le président Kabila serait dans l’irrégularité. Il serait en train de violer la constitution. Donc, le seul responsable, serait le président Kabila et non la population congolaise. La population congolaise a donné les deux mandats au président Kabila. Et la même population congolaise va récupérer le pouvoir.

DW : Vous envoyez la population dans la rue, face à l’armée du président Kabila ?

M.K : L’armée n’appartient pas à un individu. Si nous demandons à la population de descendre dans les rues, c’est pour que cette armée soit bien payée un jour. Parce qu’aujourd’hui, c’est la misère totale.

DW : Votre principal appui aujourd’hui, c’est la population congolaise ?

M.K : C’est elle qui est notre appui. Pourquoi Kabila refuse l’inclusion ?

DW: Si le président Kabila vous convoque aujourd‘hui au dialogue, vous irez ? ce sera l’inclusivité.

MK : Non, je n’y irai pas si le préalable qu’on a demandé, n’est respecté. La libération des prisonniers politiques, la cessation des poursuites judiciaires, et qu’on arrête aussi d’incarcérer tous les jours les congolais.

DW :Quels sont vos projets de société, au regard des problèmes sociaux auxquels sont confrontée quotidiennement les congolais en général, la population de Béni en particulier ?

MK : Tout d’abord, il faut restaurer un Etat de droit, ensuite savoir bien investir dans la population congolaise : trouver une solution aux problèmes qui hantent le secteur de l’énergie, de la santé et de l’éducation. En plus, il faut créer une classe moyenne, avoir une production locale, je l’ai fait au Katanga. Le Congo peut décoller, dans deux ou trois ans les gens verront un changement.

DW : Vous avez été dans le circuit du gouvernement Kabila, une certaine opinion pense que vous serez un cheval de Troie du gouvernement congolais.

MK : Je ne peux pas nier que je n’ai pas travaillé avec le président Kabila, mais j’ai été un modèle, mon bilan est là. Si le président était resté dans la logique de respecter la constitution, je ne pourrais pas quitter la majorité. Vous allez me dire qu’au niveau de la Majorité, il n’y pas personne qui peut remplacer Kabila ? Il y a de gens valables qui peuvent remplacer Kabila. Moi j’ai eu ce courage, j’ai pris des risques et j’ai claqué la porte, pour une bonne raison : sauver notre pays, sauver le Congo.

DW : Quel est regard vous portez sur les élections marquées par des violences suite à la volonté de se maintenir au pouvoir ? Le cas du Gabon par exemple.

MK : Le problème c’est l’organisation d’abord au niveau des élections. La plus grande armée, c’est le peuple. Si on veut gagner les élections, il faut que l’opposition soit unie. Et on voit ce qui se passe, et c’est une bonne expérience pour nous, pour que cette fraude ne puisse pas arriver au Congo. ‘

DW : Donc le cas du Gabon vous inspire ?

MK : Nous ne voulons pas nous retrouver dans ce type de scenario, c’est pour cela que nous allons être très vigilants, et surtout la population doit être très vigilante.

Écoutez l'interview de Moïse Katumbi en cliquant sur l'image ci-dessus.