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La Côte d'Ivoire pose problème à la France

Yann Durand9 novembre 2004

Le calme est revenu en Côte d’Ivoire après l’escalade de violence qu’a connu le pays ce week-end. Cependant la situation reste tendue : les forces francaises ont été augmentées sur place pour garantir la sécurité de leur ressortissants, dont bon nombre pense à quitter l’ancienne colonie. Le nord du territoire étant encore contrôlé par les rebelles, le spectre de la guerre civile continue de planer. Ainsi du constat général dans la presse allemande ce matin.

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Situation tendue en Côte d'Ivoire
Situation tendue en Côte d'IvoireImage : AP

« La guerre a définitivement atteint Abidjan » titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Non seulement les images de destruction et de pillage l’amène à cette affirmation, mais aussi et surtout l’attitude du Front Populaire Ivoirien qui, au lieu de mettre de l’eau dans son vin pour avoir une chance de conserver le pouvoir, appelle à chasser l’ennemi : La France. Et le peuple désabusé répond présent.

Mais que veulent les francais après leur victoire militaire ? s’interroge le journal. La fin de Laurent Gbagbo, chacun le sait, n’est qu’une question de temps. Mais ensuite ? Installer un vassal au pouvoir comme au bon vieux temps des colonies, et s’attirer ainsi les foudres des ivoiriens ? Et qu’en est-il des rebelles qui en fait profitent du succès de la riposte francaise ? Point de réponse mais un constat : la situation en Côte d’Ivoire est aujourd’hui encore plus compliquée qu’elle ne l’était déjà il y a quelques jours.

Même son de cloche dans la Frankfurter Rundschau selon laquelle la France en perd son latin. Sa réaction musclée suite au bombardement d’une de ses bases militaires a conduit le président du parlement ivoirien Mamadou Coulibaly, a proférer de lourdes menaces. Que la France puisse s’attendre à un conflit n’ayant rien à envier au Vietnam , si Jacques Chirac poursuivait dans son entreprise de controler le pouvoir en Côte d’Ivoire, n’est pas pour rassurer Paris. Dont on ne sait poursuit le journal s’il n’a d’intérêt que pour la défense de la démocratie mise à mal par Gbagbo ou aussi pour les enjeux économiques.

Quant au quotidien Die Welt, il estime que la France paie le prix fort en Côte d’Ivoire et qualifie la situation de désastreuse : outre l’échec du plan de paix de 2003, la volonté depuis l’été dernier de laisser le terrain aux casques bleus de l’ONU a aussi fait long feu. Au contraire la reprise des violences n’a eut pour effet que le renfort des troupes de l’Hexagone. Par ailleurs l’amitié entre les deux pays, dont Jacques Chirac faisait état encore hier, est réduite à une peau de chagrin. Laurent Gbagbo et les siens reprochent à la France de faire le jeu des rebelles, qu’ils continueront de combattre pour stopper l’effondrement économique des régions du nord. Dans ces conditions conclut le journal, le départ de cette côte d’Ivoire jadis si riche est tout indiqué pour les quelques 15 000 francais qui y résident.