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La cogestion a 30 ans

Anne Le Touzé31 août 2006

C’étaient hier les trente ans de la cogestion, un principe bien allemand de négociation entre syndicats et patronat allemands. Le système est souvent cité comme exemple à l’étranger, mais en Allemagne, il fait depuis longtemps l’objet de critiques pour sa rigidité. L’anniversaire a été célébré par la confédération syndicale DGB. Si l’absence des représentants du patronat n’a étonné personne, la présence de la chancelière Angela Merkel a été remarquée : tout en admettant que le modèle a besoin d’être réformé, la chancelière a rendu hommage à « un grand acquis de la société d’économie de marché »... La presse allemande réagit...

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Poignée de main symbolique entre le président du DGB, Michael Sommer, et la chancelière Angela Merkel, hier à Berlin.
Poignée de main symbolique entre le président du DGB, Michael Sommer, et la chancelière Angela Merkel, hier à Berlin.Image : AP

La Frankfurter Allgemeine Zeitung n’est pas contente. Il est bien connu qu’une fête d’anniversaire n’est pas un lieu où règne la sincérité entre invités et hôtes. Mais la chancelière était-elle obligée de se courber si bas dans son « hommage » à la cogestion, remarque le journal ? Si le principe de la cogestion, qui impose à l’heure actuelle une représentation des salariés au conseil d’administration d’entreprises de plus de 2000 employés, était vraiment avantageux pour l’économie, comme les syndicats se plaisent à le répéter, il devrait être appliqué sans contrainte et de façon facultative. Mais il est vain d’attendre de la grande coalition qu’elle risque un affrontement avec les syndicats. Encore un terrain sur lequel le gouvernement Merkel ne se battra pas, conclut le journal.

A l’instar de son confrère, le quotidien Süddeutsche Zeitung rappelle que le « modèle » de cogestion à l’allemande n’a été repris dans aucun autre pays. Selon le journal, la mondialisation a incontestablement changé la donne. Pour les groupes financiers internationaux, il est impensable que des gens qui n’ont pas la confiance des actionnaires aient un droit de regard sur les affaires de l’entreprise. Par ailleurs, il n’est pas juste que dans le cas de sociétés opérant à l’étranger, seuls les salariés allemands soient représentés au conseil d’administration.

Même son de cloche dans Die Welt : de plus en plus d’entreprises choisissent la délocalisation après une fusion avec une société étrangère pour contourner le système allemand, et malgré cela, le DGB veut étendre ce principe aux entreprises de plus de 1000 salariés. Il vaudrait mieux favoriser la participation des salariés aux actions de la société. Les propriétaires sont les meilleurs gestionnaires, conclut le quotidien.

Malgré tous ses défauts, la cogestion a fait ses preuves, rétorque la Stuttgarter Zeitung. Elle donne le sentiment aux salariés de ne pas être de simples pions, mais d’avoir un pouvoir de décision au sein de l’entreprise. Elle permet même de régler sans trop de vagues des mesures amères comme la suppression d’emplois et la fermeture d’usines. Une chose que les entreprises sont capables de considérer comme un avantage de l’Allemagne par rapport à d’autres pays, estime le journal.