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La colère du chancelier

Christophe LASCOMBES16 août 2004

Gerhard Schröder a certainement pensé à cette réflexion de Voltaire : « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge ». Comment interpréter autrement la diatribe du chef du gouvernement fédéral à son retour de vacances, à l’encontre de cette « alliance contre nature » de l’opposition et du successeur du SED, le parti unique de cette dictature qu’était la RDA. Mais le coup de sang du patron de la chancellerie cache bien autre chose....

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Dès son retour de vacances, le chancelier tient à montrer qui est le patron...
Dès son retour de vacances, le chancelier tient à montrer qui est le patron...Image : AP

Effectivement, pour la Frankfurter Rundschau, il s’agissait pour le chancelier de prendre le dessus dans la guerre des gros titres. Même au sein de ses propres troupes, le calme ne règne pas au sujet du dossier Hartz IV. Aux grand maux, les grands remèdes, Gerhard Schröder a ainsi annoncé ce week-end qu’il allait tenter de redonner sang et vie à son SPD actuellement exsangue. Mais outre un certain volontarisme bagarreur, le coup de gueule du chancelier est aussi un signe certain de nervosité.

Idem pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la nervosité du chancelier est compréhensible, dit le journal, au vu des faiblesses de la campagne d’information, des protestations populaires permanentes et des défaites électorales qui s’annoncent pour le mois de septembre. D’un autre côté, le journal reproche au chancelier d’agir comme un conducteur qui ferait ses créneaux « à l’oreille » et ne réagirait qu’au bruit. Un genre de manœuvre qui laisse en général pas mal de bosses.

Pour la Süddeutsche Zeitung, Gerhard Schröder sait pertinemment que le dossier Hartz IV est l’un des sujets centraux de la campagne et qu’il aura le pouvoir de faire et défaire son gouvernement. Trop d’habitants des nouveaux Länder se sentent largués dans la nouvelle Allemagne d’aujourd’hui. La question est juste de savoir si la vague de mécontentement qui gonfle actuellement le score du PDS durera assez longtemps pour que le SPD puisse surfer dessus jusqu’au grand soir du 19 septembre. Cinq semaines, c’est long, avertit le journal.

Pour Die Welt, le chancelier a raison et son équipe mérite tout le soutien possible. L’Allemagne gémit certes sous le joug de la réforme Hartz. Le remède de cheval de la dérégulation sociale a réveillé la crainte de la pauvreté et les images chocs de la lutte des classes. Seulement, accuse le journal, parler maintenant de néolibéralisme est malvenu. Lorsque Ludwig Erhard a introduit l’économie sociale de marché, l’Allemagne d’alors ne consacrait pas même 40 % de son revenu net total pour ses dépenses sociales. Aujourd’hui, avec plus de 57 %, l’Allemagne est bien plus proche du socialisme d’Etat que les critiques du PDS n’ont jamais osé le rêver. Une situation qui n’a pas d’avenir, conclut le journal.