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La Commission freine les négociations avec la Turquie

Aude Gensbittel30 novembre 2006

Lors de sa rencontre hier avec le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, le pape Benoît XVI lui avait assuré son soutien à l’adhésion d’Ankara à l’Union Européenne. Mais le chemin de la Turquie vers l’Europe n’est pas tout tracé et reste semé d’obstacles. Après l’échec des discussions sur la question chypriote, la Commission Européenne a recommandé de suspendre partiellement les négociations d’adhésion avec Ankara. Le principal point de discorde : la Turquie refuse toujours l'ouverture de ses ports aux navires chypriotes. Elle pose comme condition préalable la levée de l'embargo sur la République turque de Chypre du Nord, qui contrairement à la partie sud de Chypre, n’est pas entrée dans l’Union

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Image : AP

Européenne en 2004.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung salue la tournure des événements. Même avec le soi-disant soutien de Benoît XVI, Recep Tayyip Erdogan n’a pas pu empêcher que l’Union Européenne porte un coup aux ambitions d’adhésion de la Turquie. Le refus persistant d’Ankara de se plier aux accords conclus dans le dossier chypriote, a forcé la Commission à agir. Autrement l’Union aurait continué à perdre sa crédibilité – en Europe et en Turquie. La recommandation de suspendre une partie des négociations est le minimum que l’on pouvait attendre de Bruxelles. Une réaction plus ferme aurait même été préférable, pour montrer que les Européens ne plaisantent pas avec les conditions qu’ils ont posées.

Pour beaucoup, écrit la Frankfurter Rundschau, le blocage sur la question de Chypre serait une occasion bienvenue d’enterrer l’idée d’une Union Européenne qui s’entend jusqu’à Ararat et l’Anatolie. Heureusement, les diplomates ont réussi à avoir le dernier mot. Ils ont élaboré une solution dont peuvent se satisfaire tous les gouvernements européens. Une solution qui permet d’éviter l’abandon total des négociations et qui reconnaît aux deux côtés le droit de camper sur leurs positions. Il est bien entendu dommage qu’Ankara se montre aussi obstinée dans la dispute sur l’accès aux ports turcs des navires chypriotes. Et la recommandation de la Commission est la bonne réponse à cette situation. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’avec le projet d’adhésion de la Turquie, c’est la redéfinition de l’Union Européenne qui est en jeu.

La Tageszeitung estime que le sommet européen à la mi-décembre va probablement suivre la recommandation de la Commission. Mais tout le monde peut se détendre, il y a encore suffisamment de chapitres restants dont on peut discuter. Du moins, en théorie. Car en réalité, aucune négociation n’a plus lieu depuis le mois de mai. Les chapitres sont traités un par un et quand un chapitre est clos l’accord de tous les états membres est nécessaire pour passer au suivant. Et depuis mai il manque l’accord de Chypre. Le prochain sommet européen n’y changera rien. Concrètement, cela veut dire qu’il n’y aura plus de négociations avec la Turquie tant qu’on ne sera pas parvenu à une réunification consensuelle de Chypre.