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La condamnation libyenne vivement critiquée

Aude Gensbittel20 décembre 2006

Vague d’indignation en Europe et dans le monde entier après la condamnation à mort hier en Libye de cinq infirmières bulgares et d'un médecin palestinien. Accusés d'avoir délibérément inoculé le virus VIH à 400 enfants, ils sont détenus dans le pays depuis sept ans. A l’instar de nombreux gouvernements et d’organisations de défense des droits de l’Homme, la presse allemande dénonce un procès douteux et un verdict injustifié.

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Manifestation devant l'ambassade libyenne en Bulgarie contre la condamnation des infirmières à Tripoli
Manifestation devant l'ambassade libyenne en Bulgarie contre la condamnation des infirmières à TripoliImage : AP

L’Union Europénne se réveille et se rend compte qu’en Libye, les choses n’ont pas autant changé qu’elle aimerait bien le croire, écrit la Tageszeitung. Le jugement des six employés de l’hôpital de Benghasi illustre bien la propagande que fait Mouammar Kadhafi d’un pays parfait. L’infection de 400 enfants par le virus VIH ne peut pas être la cause des conditions catastrophiques du système de santé, mais doit forcément venir de l’étranger. L’Union Européenne paye à présent le prix fort pour avoir si souvent fermé les yeux sur les violations des droits de l’Homme en Libye.

La Süddeutsche Zeitung évoque de son côté une chasse aux sorcières des temps modernes, un procès spectacle où il ne s’agissait pas d’établir la justice, mais la vérité de Mouammar Kadhafi. Il est temps pour l’Union Européenne de montrer clairement qu’elle n’abandonne pas les citoyens de son futur nouvel Etat membre, la Bulgarie.

La condamnation à mort des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien fait froid dans le dos, écrit la Frankfurter Rundschau. La peine capitale en soi est déjà inacceptable, qu’elle soit infligée en Chine, aux Etats-Unis ou en Afrique du Nord. Mais quand elle est décrétée sur la base d’une appréciation insuffisante des preuves, comme c’est le cas à Tripoli, elle est alors vraiment intolérable. Ce jugement jette une ombre sur les progrès réalisés par la Libye vers une normalisation de ses relations extérieures et redonne au pays l’image d’un Etat arbitraire.

Pour die Welt, malgré le changement de cap affiché par Mouammar Kadhafi, rien n’a lieu en Libye sans son consentement. La confirmation d’une condamnation à mort choquante non plus. Il est difficilement imaginable que six personnes qui mettent leur vie au service des malades et des nécessiteux, aient pu vouloir tuer avec préméditation plusieurs centaines d’enfants, poursuit le quotidien. Mais la justice libyenne a ignoré tous les indices pouvant les disculper. Aujourd’hui, à la veille de l’entrée de la Bulgarie dans l’Union Européenne, Kadhafi a en main un grand atout diplomatique. Des dédommagements aux victimes et des offres européennes à Tripoli permettront sûrement d’obtenir un jugement plus clément ou même un acquittement des condamnés. Et Kadhafi pourra alors se poser en sauveur des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien.