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La conférence sur l'Islam est un bon début

Anne Le Touzé28 septembre 2006

La conférence sur l’Islam, qui a réuni hier à Berlin des responsables politiques et des représentants des Musulmans d’Allemagne, fait la Une de tous les journaux ce matin. Les éditorialistes sont partagés sur la portée de cet événement.

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Image : Fotomontage/AP/DW

La Frankfurter Rundschau se demande pourquoi une telle conférence n’a pas eu lieu plus tôt, pourquoi aucun gouvernement n’avait jusque là tendu la main. La conférence arrive tard, estime le journal. Tellement tard qu’elle ressemble terrible­ment à un exercice de sauvetage de la politique d’intégration.

Die Welt n’y va pas avec le dos de la cuillère : le sommet « Islam » a été institué par un ministre idéaliste, qui croit encore que la tolérance religieuse prônée par Frédéric le Grand est applicable aujourd’hui. Certes, reconnaît le journal, la majorité des Musulmans d’Allemagne mènent une vie « respectable ». Mais là où l’identité culturelle ou religieuse menace régulièrement de déboucher sur une violation des libertés et de l’égalité, il fait beau parler de dialogue et de tolérance. Le ministre Schäuble a trouvé là sa mission : mi-Nathan mi-Pape, il veut établir la confiance. Mais c’est la réalité qui compte, et non les belles phrases et les sommets.

Le Bonner General-Anzeiger est moins virulent, tout en notant que le dialogue ne va pas être une partie facile. Les intérêts des organisations musulmanes sont trop hétérogènes, et la plupart d’entre elles n’étaient pas présentes hier.

On peut peut-être critiquer le choix des participants à la conférence, rétorque la tageszeitung, ou encore ricaner de la maladresse du ministre de l’Intérieur, qui a invité les Musulmans à venir partager un repas au château de Charlottenbourg… en plein mois du Ramadan. Il n’en reste pas moins que l’événement était plus qu’une séance photo et qu’il a une portée historique.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung renchérit : au-delà de son côté symbolique, cette rencontre était la première du genre pour les 3 millions et demi de Musulmans qui vivent en Allemagne, dont la majorité sont d’origine turque. Pour que l’intégration de personnes qui viennent d’un univers culturel et religieux étranger tel que l’Islam n’en reste pas à une déclaration de bonnes intentions, il faut que ce dialogue nouveau-né se poursuive, avec honnêteté et sans taire ni enjoliver certaines questions. Cela sera peut-être un processus d’ouverture long et même douloureux pour certains Musulmans. Surtout pour ceux qui pratiquent leur religion de façon plus ou moins traditionnelle. Mais pour que l’affaire réussisse, ces Musulmans-là, qui se considèrent comme les vrais croyants, devront à l’avenir encaisser certaines choses qu’exige d’eux un Etat idéologiquement neutre.