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La contestation continue d'enfler en Tunisie

24 janvier 2011

De nouvelles manifestations ont eu lieu aujourd'hui à Tunis. Les enseignants du primaire et du secondaire ont entamé une grève illimitée. Quelques heurts ont été signalés entre des manifestants et la police anti-émeute.

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Le 23 janvier 2011 à TunisImage : AP

Les autorités misaient sur un essoufflement de la contestation, c'est raté. Aujourd'hui, les enseignants sont venus grossir les cortèges de manifestants. Ils étaient plusieurs milliers, dont certains venus exprès de province, à réclamer le départ des anciens dignitaires du régime Ben Ali toujours présents au sein du gouvernement de transition. Parmi eux Mohamed Hlaïem, secrétaire général du SGEB, le syndicat général de l'enseignement de base.

« Nous, on demande un gouvernement légal, qui renferme tous les partis du pays, pas ceux du parti du dictateur, comme ça on aura un gouvernement provisoire avec qui négocier, mais avec ces gens-là, non, pas du tout. »


Proteste vor dem Haus des Premierministers in Tunis Tunesien
La "Caravane de la Liberté" venue exprès de Sidi BouzidImage : AP

Des parents de détenus soupçonnés d'islamisme réclament par ailleurs leur libération, au nom de la loi d'amnistie générale annoncée jeudi dernier.

Le premier ministre, Mohamed Ghannouchi, a promis de se retirer de la vie politique après les prochaines élections, et, toujours pour tenter de calmer le jeu, des proches du président déchu ont été placés en résidence surveillée. La semaine dernière, 33 membres de la famille de l'ex-président ont été arrêtés. Pour Bichara Khader, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe contemporain en Belgique, il n'est pas question de « chasse aux sorcières » :

« Il faut quand même que ceux qui ont du sang sur les mains et ont participé à un régime sanguinaire et dictatorial puissent rendre compte de leurs agissements devant une commission et des tribunaux appropriés. »

Tunesien Proteste 24.1.2011
Des soldats qui montent la garde devant la primatureImage : picture alliance/dpa

Le général Rachid Ammar, chef d'état-major de l'armée de terre tunisienne, qui est populaire auprès des manifestants pour avoir refusé de tirer à balles réelles dans la foule au début du mouvement, a annoncé cet après-midi que l'armée se portait « garante de la révolution ». Il a également assuré qu'elle ne « sortirait pas du cadre de la constitution » et mis en garde contre une vacance du pouvoir qui peut engendrer une nouvelle dictature.

Dans un mea culpa tardif pour avoir maintenu son soutien à Ben Ali jusqu'à sa fuite, la France vient de promettre de faire la chasse aux avoirs de la famille. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur les biens en France de l'ex-président tunisien et de son entourage, suite à une plainte pour corruption déposée par trois organisations non gouvernementales.

Quant au patron de la chaîne privée Hannibal TV, qui avait été interpellé pour "haute trahison" en raison de sa proximité avec la famille Ben Ali, il a annoncé lui-même sa propre libération sur ses programmes.

Auteur: Sandrine Blanchard
Edition: Marie-Ange Pioerron