La corruption paie
26 janvier 2007Le verdict contre Peter Hartz est d’une clémence injustifiée, juge la Frankfurter allgemeine Zeitung. En revanche l’entente concernant une procédure raccourcie est tout à fait légitime selon le quotidien. A l’instar du procès Mannesmann, un deal entre l’accusation et la défense n’est pas un privilège des riches ; la longueur des débats ne garantit pas plus de précisions ou une sanction plus lourde. Et les procès de l’ancien chef du comité d’entreprise Klaus Volkert et d’un député du SPD devraient mettre au jour des détails croustillants.
La Frankfurter Rundschau elle est d’un avis tout à fait opposé. La sentence dans l’affaire Hartz est désormais officielle mais elle était déjà fixée depuis longtemps ; suite à un arrangement loin de faire l’unanimité. Donner et recevoir : des aveux complets contre un rapide procès, passant sous silence des détails inavouables, résume le journal, selon lequel Volkert et d’autres accusés durant leurs audiences ne seront pas plus bavards.
Rapide, propre et sans complication c’est, dit-on, l’avenir du droit pénal. Comme pour le souligner la ministre de la justice a présenté le jour du jugement Hartz, un projet de loi permettant d’accélérer la transformation du code pénal en un code du commerce, rappelle la Süddeutsche Zeitung. Cela va peut-être clarifier la justice mais obscurcir le droit.
Dans l’affaire Siemens la Frankfurter Rundschau voit les dividendes prendre le pas sur la morale. Corruption ? Faillite de Ben Q ? Amende record pour entente illégale sur les prix ? Self-service à la tête du groupe ? Tout cela n’intéresse par la bourse le moins du monde. Siemens agit comme il plaît à ses actionnaires : dans le sens du profit.
Autrement dit, la corruption vaut le coup : en effet, bien que l’entreprise soit empêtrée dans deux affaires, le cours en bourse de Siemens s’est de nouveau envolé, constate la Tageszeitung de Berlin. Certes, la corruption ne peut être bannie du commerce, mais l’État peut et doit la rendre si onéreuse que les transactions occultes ne soient plus profitables, plaide le quotidien. Rappelant par ailleurs qu’une forme de corruption n’est toujours pas combattue : L’auto-enrichissement des manageurs dont l’avidité est sensée être sous le contrôle du conseil de surveillance. Une utopie, lorsque l’on sait à quel point ses membres copinent avec les étages supérieurs.