1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

La CPI dédommage les victimes de Katanga

Rémy Mallet | Eric Topona
24 mars 2017

À la Haye, les juges ont décidé d'allouer, ce vendredi, 250 dollars à chacune des 297 victimes de l'ex-milicien Germain Katanga. Retour sur les massacres qui ont conduit à ces réparations "symboliques".

https://p.dw.com/p/2Zuaw
Germain Katanga ICC Den Haag Urteil 23.05.2014 Bruno Cotte
Image : picture-alliance/dpa

''Nous accompagnons les victimes à travers des projets' (Peter de Baan, CPI) - MP3-Stereo

En 2003, les milices du groupe ethnique des Hema affrontent ceux des lendu dans la province de l’Ituri, au Nord-est de la république démocratique du Congo. Les batailles sanglantes entre les deux groupes armés causent la mort de dizaines de milliers de personnes. Des centaines de milliers de civils sont obligés de fuir les combats. La Cour pénale internationale décide de se saisir du dossier après que plusieurs des organisations des droits de l’homme ont mis en garde contre les risques de génocide.

En 2012, les juges de la Cour de la Haye condamnent Thomas Lubanga à 14 ans de prison  pour avoir utilisé des enfants-soldats durant la guerre civile. Deux ans plus tard, c’est au tour d’un autre responsable de milice, Germain Katanga, d’être jugé par la Cour internationale. Reconnu coupable d’avoir stocké et distribué les armes utilisées lors des massacres de Bogoro en Ituri le 24 février 2003, le chef de guerre écope pour sa part de 12 ans d’emprisonnement.

Une première

C’est la première fois que la CPI indemnise individuellement des victimes de crimes de guerre, depuis sa création en 2002. Une décision saluée par  de nombreuses ONG, notamment la FIDH, la Fédération internationale des ligues des Droits de l’Homme, et le Centre d’étude pour la Paix, la démocratie et les Droits de l’Homme, basé à Béni, dans le Nord-Kivu. Le montant alloué ne couvre pas tous les préjudices subis par les victimes, comme l'a indiqué le juge Marc Perrin de Brichambaut, à la lecture de l'ordonnance de réparation ce vendredi à La Haye:

Les juges de la CPI lors d’une audience de Germain Katanga le 23 mai 2014 à la Haye
Les juges de la CPI lors d’une audience de Germain Katanga le 23 mai 2014 à la HayeImage : picture-alliance/dpa

" La chambre considère qu’une indemnisation sous la forme d’un montant symbolique de 250 dollars doit être accordé à chaque victime de Monsieur Katanga. La chambre souligne par ailleurs le fait que ce montant symbolique ne vise pas à indemniser les préjudices dans leur intégralité. Cependant, la chambre estime  que ce montant permet de soulager les préjudices subis par les victimes d’une manière significative. En effet, ce montant pourra contribuer à l’autonomisation économique des victimes en leur permettant par exemple d’acheter des outils, du bétail ou de monter une petite Entreprise. Ces victimes pourront ainsi prendre leurs propres décisions sur la base de leurs besoins actuels" 

Les victimes bénéficieront par ailleurs de réparations collectives sous la forme d’aide au logement, de soutien à des activités génératrices de revenus, d’aide à l’éducation ou d’une prise en charge psychologique. Un fonds au profit des victimes est chargé de présenter d'ici trois mois un plan de mise en oeuvre pour verser les réparations.

Quant à la responsabilité de Germain Katanga dans les préjudices commis, elle a été établie à un million de dollars. Un montant que l'ancien chef de guerre n'est pas tenu de payer de sa poche, la cour ayant reconnu son "indigence". Il pourra décider s'il souhaite contribuer aux réparations "par le biais d'une lettre d'excuses ou par des excuses publiques, ou encore par l'organisation d'une cérémonie de réconciliation". Germain Katanga qui a suivi l'audience d'ordonnance de réparations depuis la prison de Makala où il est incarcéré.

Cliquez sur l'image pour écouter l'audio

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona