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Inimitié entre l'Iran et l'Arabie Saoudite

Juliette Gramaglia5 janvier 2016

La crise s'accentue et touche d'autres pays. Le Koweït a rappelé son ambassadeur à Téhéran et le Bahreïn a annoncé la suspension du trafic aérien vers l'Iran, après avoir déjà suspendu ses relations diplomatiques.

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Adel al-Dschubeir Außenminister Saudi Arabien
Adel al Djoubeïr, ministre saoudien des Affaires étrangères ne parle plus avec l'IranImage : Getty Images/AFP/A. Farwan

La rupture par Ryad de ses relations diplomatiques fait suite à des tensions de longue date entre les deux pays. Des tensions religieuses, d'abord, puisque l'Iran est à majorité chiite, tandis que l'Arabie Saoudite est une monarchie wahhabite, une branche rigoriste du sunnisme, majoritaire dans l'Islam. La scission entre les chiites et sunnites, qui remonte à la mort de Mahomet, était au départ un conflit politique de succession, qui s'est mué avec le temps en un différend théologique. Chacun des deux pays possède une minorité : sunnite pour l'Iran et chiite pour l'Arabie Saoudite, et ces minorités souffrent de discriminations sociales et politiques.

Iran Protest in Teheran gegen Hinrichtung in Saudi-Arabien
A Téhéran, des femmes iraniennes protestent contre l'exécution du dignitaire chiite Nimr-al Nimr par l'Arabie SaouditeImage : Getty Images/AFP/A. Kenare

Les deux puissances s'opposent aussi sur un plan géopolitique dans la région, notamment en Syrie, où l'Iran s'est allié à la Russie et soutient le régime de Damas face à l'opposition armée soutenue par Ryad. Mais aussi au Yémen, où l'Arabie Saoudite est en guerre contre les rebelles houthistes, une branche proche du chiisme. Cette guerre est coûteuse pour le roi Salmane d'Arabie, sur le trône depuis janvier dernier. Personnalité contestée au sein de la monarchie saoudienne, le successeur du roi Abdallah veut se montrer ferme. En exécutant des dissidents chiites, comme le cheikh Nimr Al-Nimr, en même temps que des extrémistes sunnites, le pouvoir montre qu'il lutte toujours contre le chiisme, considéré comme une déviation de l'Islam.

Bahrain Demonstration im Zuge der Hinrichtung des Geistlichen Nimr al-Nimr
Manifestation à Bahrein après l'exécution à Ryad du dignitaire chiite Nimr al-NimrImage : Reuters/H. I. Mohammed

Sans compter que l'Iran a conclu un accord au sujet de son nucléaire l'été dernier, qui devrait aboutir à la levée des sanctions internationales contre Téhéran. Ce qui pourrait mettre en danger l'influence de Riyad dans la région, si l'Iran venait à peser plus dans les négociations qui s'annoncent en Syrie et au Yémen.