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La crise ukrainienne

Christophe LASCOMBES4 avril 2007

Deux ans après la fameuse « révolution orange », l’Ukraine est de nouveau le théâtre d’une lutte pour le pouvoir. L’annonce par le président Iouchtchenko de la dissolution du parlement ramène la crise politique interne de ce pays sur le devant de la scène internationale et en fait l’un des thèmes centraux de la presse allemande de ce matin.

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La révolution orange ne sera-t-elle bientôt plus qu'un souvenir ? La crise politique actuelle de l'Ukraine peut le laisser craindre.
La révolution orange ne sera-t-elle bientôt plus qu'un souvenir ? La crise politique actuelle de l'Ukraine peut le laisser craindre.Image : AP

L’héritage de la révolution orange ivre de liberté a bel et bien disparu, déplore die Welt. Les luttes intestines au sein du pouvoir politique ont repoussé les pro-occidentaux dans les bras des forces de la restauration qui entourent le Premier ministre Ianoukovitch, celui-là même dont la fraude électorale avait déclenché la révolution pacifique.

Pour la Tageszeitung de Berlin, toute la question est maintenant de savoir si le geste libérateur du président Iouchtchenko va désamorcer la crise ou plonger encore plus le pays dans le chaos. Cette dernière option semble plus vraisemblable car ni les politiques, ni les juristes ukrainiens ne veulent ni ne peuvent tenir compte des modifications de la constitution et des lois. C’est ainsi que personne ne sait vraiment si la dissolution prononcée par le président, et son rejet par le parlement, reposent sur des bases juridiques claires.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung ne croit pas, elle, à un dénouement rapide de la crise, pas même après l’intervention de la cour constitutionnelle ukrainienne. A première vue, la proposition semble pourtant raisonnable : les deux parties ne pouvant trouver d’accord, c’est aux juges de trancher. Le problème est qu’en Ukraine, le juge indépendant est une espèce en voie de disparition. Et la réputation de la cour constitutionnelle n’est pas des meilleures. C’est ainsi que le jugement prononcé, quel qu’il soit, n’aura pas vraiment autorité.

La Frankfurter Rundschau souligne qu’il s’agit là d’un conflit non pas tant Est-Ouest, entre l’Europe et la Russie, qu’entre les deux composantes principales d’une grande nation à la charnière de l’Europe. Ce conflit oppose « l’Ukraine d’en haut », la nomenklatura, à « l’Ukraine d’en bas », le peuple. Avec de tels représentants pourtant, le pouvoir du peuple ne peut pas grand-chose contre l’alliance de l’oligarchie et de la corruption.

Cette crise politique ukrainienne, comme dans les autres états post-communistes, fait terriblement regretter le compromis, ce pilier fondamental de la démocratie, estime la Süddeutsche Zeitung. Gouverner, c’est prévoir. Or, lorsque la culture politique est marquée à ce point par les vanités et la confrontation ouverte, lorsqu’elle se nourrit de victoires éclatantes, de défaites amères et d’envies de revanche, lorsque les tribunaux constitutionnels, les manifestations et les nouvelles élections deviennent les seuls instruments politiques, il est alors très difficile de gouverner. Cela fait presque trois ans que cela dure en Ukraine. Aujourd’hui, les conséquences sont graves, conclut le quotidien.