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La grève des services publics prend une tournure politique

Anne Le Touzé14 mars 2006

Sixième semaine de grève dans la fonction publique en Allemagne. Un mouvement suivi à l’origine par les employés des communes de onze Länder pour protester contre l’allongement prévu de leur temps de travail hebdomadaire. Mais depuis la rupture des négociations ce week-end, le bras de fer entre le syndicat ver.di et les employeurs du service public prend une tournure de plus en plus politique. Les sociaux-démocrates ont proposé une médiation, refusée par les conservateurs, qui dirigent les négociations côté employeurs. Le tout sur fond de campagne électorale dans trois des Etats régionaux concernés. Un conflit qui, pour la presse allemande, révèle les fissures de la grande coalition

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Image : dpa

La population touchée par les grèves en a plus qu’assez, écrit la Neue Westfälische Zeitung. Et c’est là-dessus que mise la CDU: au lieu de chercher une solution à peu près satisfaisante pour l’ensemble des parties, les conservateurs choisissent l’affrontement. De son côté, le SPD joue les gros bras dans les Länder qu’il gouverne. Le conflit prouve au moins une chose, conclut le journal : la relation entre les partenaires de coalition est bien moins stable qu’elle n’y paraît.

Même écho chez la Süddeutsche Zeitung. Sous ses allures de cuirassé Potemkine, la grande coalition s’effrite. Les formules consensuelles du traité de coalition ne tiennent pas le choc. Et la volonté inébranlable d’Angela Merkel est finalement ébranlée par les problèmes concrets du pays. Mais selon le journal, la confrontation au sein de l’association tarifaire des Länder n’est qu’un avant-goût de l’ambiance qui devrait régner dans deux semaines au sein de la grande coalition.

Les motifs d’insatisfaction sont d’ailleurs nombreux entre chrétiens- et sociaux-démocrates, souligne la Frankfurter Rundschau. La réforme du fédéralisme et le conflit actuel sont des signes annonciateurs du ton auquel on peut s’attendre lors des débats à venir : sur la réforme du système de santé, les salaires minimum ou encore la politique énergétique. Sur fond de combat des chefs, la méfiance d’antan, conclut le journal, semble déjà revenir au goût du jour.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung analyse la proposition du SPD de faire intervenir un médiateur. Les syndicats commencent à fatiguer et il est clair que le représentant conservateur du patronat essaie de jouer sur la durée du conflit et d’épuiser financièrement les grévistes. Le SPD ne peut pas laisser ses bataillons traditionnels trop s’affaiblir face à un patronat de plus en plus puissant. Avec son idée de médiation, le président du SPD Matthias Platczeck est comme un funambule, entre la prudence requise par la grande coalition et l’urgence de sortir de l’impasse.