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LA LIBERATION D'EGON KRENZ

Christophe LASCOMBES19 décembre 2003
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Pour la Berliner Zeitung, la libération anticipée et le sursis ainsi accordé à Egon Krenz au motif qu'il ne risque plus de récidiver pose une question essentielle. Les bénéficiaires de la « conditionnelle », pour reprendre le jargon carcéral, doivent faire la preuve qu'ils se sont amendés. Pour un voleur ou un violeur, on imagine facilement à quoi cela peut ressembler. Mais comment un ancien haut fonctionnaire d'une dictature désormais disparue pourrait-il s'amender ? Peut-être en révisant son regard sur l'histoire contemporaine, indique le journal. Il pourrait corriger ses mémoires, publiées en 1990 et intitulées « Lorsque les murs tombent ». Il pourrait se demander s'il est suffisant de s'excuser pour les coups de feu tirés le long du Mur de la Honte tout en rejetant la responsabilités de ses actes à la tête d'un parti et d'un état. Même ton au Mannheimer Morgen. Cet ancien communiste incorrigible, qui n'a jamais regretté ses actes ni accepté sa condamnation, va certainement considérer sa remise en liberté non pas comme un avantage de la démocratie mais comme une réparation tardive. Et dans ce sens, Egon Krenz ne remplit pas tout à fait les conditions présidant à une mesure de sursis. La Frankfurter Rundschau s'interroge : qui se souvient encore d'Egon Krenz ? Ses partisans lors des rencontres des jeunesses du parti ? Ou bien ceux qui ont appris avec soulagement sa condamnation pour les crimes commis le long du Riderau de Fer. Lui, comme Erich Honecker et Walter Ulbricht doivent pourtant rester dans la mémoire collective de tous les Allemands car ce sont eux qui, avec violence, ont perverti des idéaux comme antifascisme et socialisme en poncifs meurtriers. Pour terminer cette revue de presse, la Leipziger Volkszeitung relève : ce responsable de milliers de procès politiques truqués n'a jamais cessé de réclamer l'application de la démocratie et rien que la démocratie. L'ironie veut qu'aujourd'hui, celui qui a refusé les avantages de l'état de droit à son peuple bénéficie d'une belle mansuétude en cette période de l'Avent. Comment pourrait-il alors continuer de jouer le rôle du persécuté. La justice allemande a vraiment été méchante avec Egon Krenz, ironise le journal.