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La liberté de la presse renforcée avec le jugement dans l'affaire Cicero

Audrey Parmentier27 février 2007

La Cour constitutionnelle a condamné la perquisition effectuée en septembre 2005 dans les locaux du magazine Cicero suite à la publication d’un article sur les liens entre l’Iran et Abou Moussab Al Zarqaoui. Le tribunal de Karlsruhe a rappelé que la liberté de la presse était inscrite dans la loi fondamentale allemande.

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Le rédacteur en chef de Cicero, Wolfram Weimer
Le rédacteur en chef de Cicero, Wolfram WeimerImage : AP

Un document top secret, un journaliste qui publie des extraits de ce document, une perquisition contestée, un ministre de l’Intérieur qui tente de trouver le traître dans ses rangs. Autant d’éléments qui pourraient être tirés d’un roman policier. Et pourtant, il s’agit là d’une histoire vraie qui s’est passée en Allemagne, l’affaire Cicero.

Le 12 septembre 2005, des membres du BKA, la police criminelle fédérale, perquisitionnent les locaux du magazine Cicero ainsi que l’appartement du journaliste Bruno Schirra. La perquisition dure une journée. Dossiers, disques durs, tout est passé au peigne fin et les policiers repartent avec des tonnes de matériel. C’est un article écrit en avril de la même année qui est à l’origine de cette razzia. Un article signé Bruno Schirra, donc, qui évoque les liens entre le terroriste Abou Moussab al Zarqaoui et le régime de Téhéran. Le journaliste cite un rapport classé confidentiel du BKA et révèle notamment des numéros de téléphone du présumé chef d’Al Qaida en Irak, qui a entre temps été tué. En plus de la perquisition, ordonnée par le Parquet de Postdam, une enquête est ouverte pour trahison de secret dans la lutte contre le terrorisme.

Seulement voilà : on découvre que plus de 200 employés du BKA ont eu accès au document cité, et – pire encore - que de fausses informations circuleraient au sein de la police fédérale pour démasquer d’éventuels agents infiltrés. A l’époque c’est Otto Schily qui est en charge du ministère de l’Intérieur. Bruno Schirra l’accuse lui et le BKA de vouloir intimider les journalistes indépendants. Wolfram Weimer, le rédacteur en chef de Cicero, saisit la Cour constitutionnelle de Karlsruhe.

Une Cour qui vient donc de donner raison au journaliste et à ses soutiens. Selon elle, la publication d’extraits d’un document officiel ne justifie pas une perquisition. Par ailleurs et toujours selon la Cour une telle action est illégale si elle a pour objectif unique ou principal de trouver l'identité d'un informateur. Rappelons qu’en Allemagne, les journalistes ont le droit de taire leurs sources.

La décision du tribunal de Karlsruhe dans l’affaire Cicero vient donc renforcer la liberté de la presse. Une décision qui intervient 25 ans après l’affaire du Spiegel : les locaux de l’hebdomadaire allemand avaient eux aussi été perquisitionnés après la publication d’extraits d’un rapport secret de la Bundeswehr, l’armée allemande, sur une manœuvre de l’OTAN.