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La Libye déclare "sans papiers" les Européens

17 février 2010

La Libye a suspendu lundi la délivrance de visas d'entrée aux ressortissants de l'Union européenne, à l'exception toutefois des Britanniques. Une mesure de représailles qui vise avant tout la Suisse

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Mouamar Khadafi ne veut plus accorder de visas aux Européens jusqu'à nouvel ordre
Mouamar Khadafi ne veut plus accorder de visas aux Européens jusqu'à nouvel ordreImage : picture alliance / landov

Il s'agit d'une décision qui a surpris tout le monde et pour mieux la comprendre, il faut rappeler la brouille diplomatique entre la Suisse et la Libye. Une brouille qui a débuté il y a un peu plus de dix-huit mois avec l'arrestation à Genève du fils du dirigeant libyen Mouamar Kadhafi – Hannibal Khadafi : celui-ci avait été arrêté après avoir fait un esclandre dans un palace de Genève. Il a été relâché par la suite mais depuis rien ne va plus entre Berne et Tripoli. Les autorités libyennes ont commencé par retirer cinq milliards de dollars d'avoir des banques suisses et suspendu leurs livraisons de pétrole à la Confédération helvétique.

Enfin, il y a eu l'arrestation en juillet 2008 d'un homme d'affaires suisse qui a été condamné la semaine dernière à quatre mois de prison pour infraction à la législation sur l'immigration. Max Göldi s'est réfugié entretemps à l'ambassade suisse à Tripoli. Mais cette histoire avait poussé le président suisse, l'été dernier, a présenter ses excuses à la Libye pour avoir eu le culot d'arrêter Hannibal, le fils du dirigeant libyen. La Suisse espérait que cela permettrait de résoudre le cas de Max Göldi. Mais rien n'y a fait et donc, sans doute exaspérée, la Suisse a publié une liste de 188 dirigeants libyens déclarés indésirables et parmi lesquels on trouve Mouamar Khadafi lui-même.

En représailles, la Libye a donc suspendu les visas pour les citoyens européens. Pourquoi cette sanction collective ?

Parce que la Suisse a intégré l'espace Schengen en décembre 2008. L'Union européenne a regretté cette décision et des consultations sont prévues entre les différents états membres et les pays associés à l'espace Schengen afin de décider d'une réaction appropriée avant la fin de la semaine.

Finalement, les plus embêtés dans cette histoire ce sont sans doute les Italiens. Le gouvernement italien a conclu un accord avec la Libye pour refouler les immigrés clandestins vers ce pays. D'ailleurs, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, s'en est pris à la Suisse en accusant Berne d'avoir pris en otage tous les pays de l'espace Schengen. Un bel exercice de solidarité européenne.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot