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La lutte anti-terroriste, à quel prix?

Tamara Wackernagel
12 octobre 2016

En Allemagne, l'arrestation d'un Syrien, terroriste présumé, grâce à l'aide d'autres réfugiés a fait sensation. Mais la page des réjouissances se tourne, supplantée par cette question: comment prévenir les attentats?

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Berlin Anti-Terror-Einsatz Polizei am Flughafen Schönefeld
Image : Getty Images/C. Bilan

Les Allemands viennent de découvrir à quel point l'aide des réfugiés eux-mêmes est précieuse, en matière de lutte anti-terroriste. La presse est unanime sur ce point: ils représentent une source d'informations encore inexploitée. Mais là où les avis divergent, c'est sur les méthodes à mettre en place pour recenser les précieux renseignements. La Frankfurter Allgemeine Zeitung, la FAZ, prône elle de renforcer les dispositifs de surveillance, au détriment s'il le faut des droits fondamentaux des réfugiés. "Bien sûr, que tout réfugié a droit à la protection de ses données personnelles", concède l'éditorialiste. "Mais ce droit peut être limité!" Pour la FAZ, "cela n'a rien à voir avec un soupçon généralisé qu'on appliquerait à tous les réfugiés". Ce serait simplement du réalisme, puisque "nous ne savons pas grand-chose de ceux arrivés récemment en Allemagne, alors que la plupart viennent de territoires contrôlés par l'État islamique". Autres propositions: assouplir les conditions de la mise en détention provisoire et en rallonger la durée. Des propositions qui circulent dans la sphère politique.

Deutschland Flüchtlinge in Freital
Des voix s'élèvent pour réclamer un durcissement du dispositif légal anti-terroriste, comme par exemple l'allongement de la détention provisoireImage : Getty Images/AFP/T. Schwarz

La surveillance généralisée, ni économe, ni efficace

Avant d'en arriver là, les autorités ont d'autres voies à explorer, fait remarquer die tageszeitung, la taz, de Berlin. "On devrait déjà commencer par le plus élémentaire: cesser de se comporter avec les réfugiés, comme si ils étaient sourds et muets. Mais au lieu de ça, on attend que les réfugiés se tournent d'eux-mêmes vers les administrations". Pour la taz, il est temps que les Allemands fassent l'effort de prendre le chemin inverse, c'est-a-dire d'aller vers les réfugiés, en sensibilisant les personnels des centres d'accueil, et en établissant des liens avec les différents réseaux déjà existants. "Tout cela coûterait moins cher et serait bien plus efficace qu'un État policier!", conclut la taz. La Süddeutsche Zeitung s'alarme elle des "propositions de mettre des personnes supposément dangereuses derrière les barreaux, et pour longtemps, le tout avant même que l'intention de commettre un crime soit mise en évidence par des faits avérés. On ne peut pas, au nom de l'État de droit faire-fi des droits acquis au cours des années, et qui font justement de l'Allemagne un État de droit…".