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La lutte des classes vue d'en haut

Anne Le Touzé19 septembre 2012

Les journaux reviennent entre autres sur la gaffe de Mitt Romney, le candidat républicain à la présidentielle américaine. Celui-ci, dans une vidéo filmée à son insu, a qualifié les électeurs démocrates d'« assistés ».

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Der Kontrast zwischen arm und reich, hier dargestellt durch einen Bettler und eine Frau mit Einkaufstüten. Eingestellt am 25.1.12 © Gina Sanders - Fotolia.com
Arm und reichImage : Gina Sanders/Fotolia

En Allemagne, justement, la thématique de la répartition des richesses est d'actualité avec la publication, hier, d'un rapport sur les inégalités sociales au sein de la première économie européenne. Pour Die Welt, les termes même de l'étude commandée par le ministère du Travail respirent la rancune. Ce « 4ème rapport sur la pauvreté et la richesse » met en avant que seule une minorité profiterait de la richesse : 10% des Allemands possèderaient 53% des biens privés du pays. Pour mieux polariser, le ministère du Travail leur oppose la moitié de la population qui se partage 1% des richesses. Et les 40% d'Allemands restants, interroge le quotidien ? Ne jouent-ils aucun rôle ? Non, car le rapport veut donner l'impression que certains ont tout tandis que la masse des autres n'a rien. Il est fâcheux, souligne Die Welt, que la politique recoure toujours à des moyens aussi grossiers.

10% des Allemands possèdent plus de la moitié des richesses
10% des Allemands possèdent plus de la moitié des richessesImage : picture-alliance/dpa

Allemagne ou Etats-Unis, une même problématique

L'Allemagne est une société de classes, souligne au contraire die tageszeitung, en dressant un parallèle avec les Etats-Unis. Ici comme là-bas, les richesses sont concentrées dans les mains de quelques familles. Et la couche la plus basse de la société ne possède rien, à part des dettes. Le candidat républicain à la présidentielle américaine, Mitt Romney, s'est mis à dos 47% des électeurs en les accusant d'être des profiteurs du système. Si une telle attitude est encore impensable en Allemagne, elle pourrait augurer d'une tendance car le fossé se creuse entre la mise en scène politique et la réalité sociale. La classe moyenne tant vantée par les partis est en train de s'éroder. Et la vision simpliste d'un Mitt Romney, qui estime que si les pauvres sont pauvres, c'est de leur faute, et qu'il est normal qu'une minorité soit riche, s'installe peu à peu dans l'esprit des Allemands.

Mitt Romney, gaffeur mais sincère
Mitt Romney, gaffeur mais sincèreImage : Reuters

Un candidat à la présidentielle qui se vante de vouloir redonner vie au "rêve américain" n'est pas très convaincant lorsqu'il dénigre près de la moitié des électeurs qui vivent, selon lui, aux crochets de l'Etat, commente la Frankfurter Allgemeine Zeitung. D'un point de vue stratégique, la gaffe de Mitt Romney est monumentale. Ronald Reagan ou George W. Bush pouvaient encore donner l'impression de vouloir s'intéresser au destin de tous les Américains. Mais les déclarations de Romney et l'excuse formulée ensuite de son "manque d'élégance dans la formulation" offrent aux adversaires démocrates l'occasion de montrer que le candidat républicain veut mener une politique pour les riches. Et qu'il n'est pas digne d'occuper la Maison Blanche.

Pour la Süddeutsche Zeitung, le candidat Romney a encore trois chances de se rattraper. Ce sera en octobre, lors des duels télévisés contre Barack Obama. Mais il est bien seul et ne pourra être sauvé ni par un discours vibrant de son épouse, ni par des millions de dollars de dons. S'il ne parvient pas à convaincre, il fera bientôt partie de ceux qu'il méprise : les perdants.