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La militante Nadine Gordimer s'est éteinte

Philipp Reichert15 juillet 2014

Elle a été la voix littéraire de l'Afrique du Sud et la seule femme africaine qui s'est vu décerner le prix Nobel de littérature. Nadine Gordimer est décédée dimanche à l'âge de 90 ans.

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L'écrivain sud-africaine a toujours refusé de quitter son pays malgré l'apartheid
L'écrivain sud-africaine a toujours refusé de quitter son pays malgré l'apartheidImage : picture-alliance/dpa

Le bonheur de vieillir, pour elle, c'était de pouvoir témoigner de la fin de l'apartheid. Nadine Gordimer a passé les 23 dernières années de sa vie dans une Afrique du Sud démocratisée.

L'auteur est née en 1923 près de Johannesburg, dans une famille bourgeoise d'Européens immigrés. C'est sa mère qui a été son institutrice et éducatrice à la maison, sous prétexte d'une maladie cardiaque. Isolée, Nadine Gordimer lit beaucoup et commence très tôt à écrire.

Bientôt, elle prend conscience du système qui la privilégie à cause de sa couleur de peau, et s'engage pour la liberté d'expression. Ses premières nouvelles, rapidement réputées en Europe et aux Etats-Unis, sont interdites par le pouvoir en Afrique du Sud, à plusieurs reprises. Malgré son succès international, Nadine Gordimer refuse de quitter son pays.

En 1991, suite à la fin de l'apartheid, Nadine Gordimer obtient le prix Nobel de littérature, pour la qualité de ses écrits et la manière ironique dont elle parle des inégalités sociales.

Nadine Gordimer a remis à Nelson Mandela le titre d'ambassadeur de conscience d'Amnesty International
Nadine Gordimer a remis à Nelson Mandela le titre d'ambassadeur de conscience d'Amnesty InternationalImage : picture-alliance/ dpa

Nadine Gordimer, qui a consacré sa vie à la lutte contre l'apartheid, critique aussi le climat politique dans son pays réformé. Dans sa nouvelle de 2005, « Beethoven avait un seizième de sang noir », elle remet en question l'obligation d'être politiquement correct:

« Dans une émission radio, le présentateur annonce un morceau de Beethoven et il dit : Beethoven avait un seizième de sang noir. Mais je me suis demandé : Pourquoi est-ce qu'il dit cela ? À l'époque, chacun voulait prouver que sa peau était parfaitement blanche, voulait oublier les arrière-grands-parents noirs. Maintenant c'est l'inverse. Parce qu'avec le nouveau gouvernement qui est majoritairement noir, il faut prouver qu'on n'a aucun préjugé raciste. Donc pouvoir produire même un seizième de sang noir est merveilleux. Et c'est pourquoi j'ai écrit cette nouvelle.»

Nadine Gordimer est décédée dimanche, entourée par ses proches. Son héritage littéraire représente plus de quinze romans, de nombreuses nouvelles et des recueils d'essais, traduits de l'anglais en plus de 30 langues.