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La mort de Zarqaoui n'est pas la fin d'al Qaïda

Anne Le Touzé9 juin 2006

Le grand thème de la presse allemande ce matin est évidemment le lancement de la Coupe du monde de football. Mais les journaux consacrent tout de même une large place à la mort d’Abou Moussab al Zarqaoui, hier en Irak. Et comme un écho aux commentaires des responsables politiques internationaux au cours de la journée d’hier, les éditorialistes allemands sont tous d’accord pour dire que l’élimination du chef de la branche irakienne d’al Qaïda ne signifie pas la fin des violences en Irak.

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Les derniers ministres du nouveau gouvernement irakien ont été investis hier par le Parlement. Six mois après les élections législatives, le gouvernement qui doit apporter la stabilité au pays est enfin au complet.
Les derniers ministres du nouveau gouvernement irakien ont été investis hier par le Parlement. Six mois après les élections législatives, le gouvernement qui doit apporter la stabilité au pays est enfin au complet.Image : AP

Même si la mort d’Abou Moussab al Zarqaoui est un grand succès pour les Américains, écrit Die Welt, ils n’ont cependant coupé que l’une des têtes de l’hydre. Les structures informes d’Al Qaïda permettent malheureu­sement que d’autres fanatiques poursuivent l’œuvre meurtrière du Jordanien, même s’ils ne parviennent pas à la même précision, brutalité, ou à son efficacité militaire. Zarqaoui est mort, mais cela n’affaiblit pas pour autant le terrorisme, conclut le journal.

Ce qui reste d’al Qaïda après la mort de Zarqaoui, estime la Frankfurter Rundschau, c’est un réseau de groupuscules et d’organisations qui s’inspirent du nom et des méthodes de la « base » afghane d’Oussama Ben Laden, un peu comme des sociétés de franchise, mais sans contrôle ni surveillance. Ces groupes continueront d’exister tant qu’ils pourront recruter au sein de la population irakienne. Une population constituée de générations de jeunes gens sans avenir, qui n’ont aucune perspective de recevoir une éducation ou d’exercer un jour un métier civil. Des jeunes gens facilement sensibles aux paroles des islamistes.

Pour la Süddeutsche Zeitung également, le terrorisme se nourrit du sentiment d’infériorité, de délaissement. Il est entretenu par des guides spirituels qui transmettent une image biaisée du monde et agitent les foules au lieu de les éclairer. Un changement de mentalité est possible et on peut l’encourager, estime le journal. Les Etats-Unis ont cru à tort qu’il suffisait d’envahir le pays et d’y proclamer la démocratie et la liberté pour donner des ailes à la population. C’était absurde. Mais le jour où Abou Moussab al Zarqaoui a été tué, le parlement irakien a élu les derniers ministres du gouvernement, ceux de l’Intérieur et de la Défense. Leur travail, conclut la SZ, sera bien plus décisif pour la fin de la violence et la stabilité du pays qu’un raid aérien sur un chef sanguinaire d’al Qaïda.

Un dernier aspect, abordé par la Frankfurter Allgmemeine Zeitung : il y a encore peu de temps, écrit le journal, Zarqaoui avait appelé ses troupes à renforcer le combat contre les « croisés » et les « infidèles » chiites. C’est sans doute ce qui a accéléré sa fin, car les indications sur son lieu de séjour ont été fournies par la population aux Américains, peut-être par des Chiites. Au nom du sunnisme, Zarqaoui voulait déclencher une guerre civile et après sa victoire, instaurer un califat dans les pays autour de l’Irak. Cette utopie islamiste dont il voulait s’auréoler jusqu’à devenir un « héros », cette utopie est désormais détruite, se félicite la FAZ.