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La mort d'un tyran

21 octobre 2011

L'actualité africaine dans la presse allemande, c'est tout d'abord la mort de Mouammar Kadhafi. L'ex-dictateur libyen a été tué le 20 octobre.

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Des Libyens fêtant la mort de KadhafiImage : picture-alliance/dpa

Cette mort, lit-on dans Die Welt, nous fait sentir presque instinctivement qu'un monde sans Saddam Hussein, Ben Laden et Mouammar Kadhafi, est un monde meilleur. On aurait pourtant souhaité que Kadhafi, comme Saddam Hussein, ait à répondre de ses multiples crimes devant la justice.

Libyen Gaddafi Rebellen
Ex-rebelle et portrait de KadhafiImage : dapd

Kadhafi est mort, tué par son propre peuple. On peut le regretter, écrit la Rheinische Post. La place du despote aurait été devant un tribunal. Mais soyons réalistes. Un procès équitable aurait été difficile à imaginer en Libye. Trop d'assassinats sont à mettre au compte de l'ancien régime. Et un procès devant une cour pénale internationale aurait eu un arrière goût amer compte tenu des longues années de complicité entre de hauts responsables politiques occidentaux et le dictateur. C'est aussi l'opinion de la Süddeutsche Zeitung. Il y a, écrit le journal, une plus grande justice historique dans le fait que l'ancien officier, qui avait pris le pouvoir il y a 42 ans par les armes, finisse par les armes. Avec la chute de Syrte, l'heure de vérité sonne aussi pour le gouvernement provisoire. Car la victoire ne résoud pas les problèmes, ils ne font que commencer. La mort de Kadhafi, souligne également la Frankfurter Allgemeine Zeitung, met un point final au chapitre libyen des révolutions arabes. Mais la naissance de la nouvelle Libye ne se fera pas sans douleurs.

Mahmud Dschibril / Libyen / Übergangsrat
Mahmoud Jibril, premier ministre du gouvernement provisoire, 20 octobre 2011Image : dapd

La fin d'une ère, titre die tageszeitung. Mais l'avenir de la Libye reste incertain. Attendons de voir qui s'imposera: les démocrates ou ceux qui sont surtout guidés par des intérêts particuliers. Tout laisse à penser que cette question n'est que secondaire pour les Etats de l'OTAN qui ont permis le changement de pouvoir en Libye. Il serait stupide, note plus loin le journal, de penser que la Libye a été libérée parce que les occidentaux s'obstinent à défendre les droits de l'homme partout dans le monde.

Kenia Soldaten in Somalia einmarschiert
Soldats kényans sur le point d'entrer en SomalieImage : dapd

Le Kenya dans le bourbier somalien

Un autre grand sujet africain est fourni cette semaine à la presse allemande par l'intervention de l'armée kényane en Somalie. Le porte-parole du gouvernement kényan a justifié cette intervention par la volonté d'éliminer les milices islamistes dénommées al-chebab, que Nairobi rend responsables de l'enlèvement de quatre Européennes au Kenya.

Kenia Soldaten in Somalia einmarschiert Hubschrauber
Hélicoptère kényan entrant en SomalieImage : dapd

Le Tagesspiegel de Berlin relève à ce propos que pour bon nombre d'experts de la Somalie, ce sont plus probablement des pirates ou des bandits somaliens qui ont enlevé les quatre femmes. (L'une d'entre elles, la Française Marie Dedieu est entre temps décédée). Les enlèvements en haute mer, poursuit le journal, sont devenus plus risqués du fait de l'opération internationale contre la piraterie. Quoi qu'il en soit, l'intervention militaire kényane marque un changement de cap radical dans la politique kényane, estime ce confrère. Jusqu'à présent le Kenya avait tout fait pour ne pas être entraîné dans la guerre entre le gouvernement somalien de transition et les milices al-chebab. Ce revirement a plusieurs raisons. D'une part il y a dans le gouvernement kényan des forces qui ne croient plus à une solution politique du conflit en Somalie. De l'autre la pré-campagne électorale pour l'élection de 2012 au Kenya bat son plein. Le camp de réfugiés de Dadaab , dans le nord du Kenya, a beaucoup d'adversaires dans le pays. Tempêter contre les Somaliens est populaire au Kenya.

Horn von Afrika Hungersnot
Soldats du gouvernement somalien de transition à MogadiscioImage : picture-alliance/dpa

La Frankfurter Allgemeine Zeitung note que mardi dernier encore, le gouvernement somalien de transition refusait de confirmer la présence de troupes kényanes en Somalie. Un refus qui traduit sans doute la crainte d'un retournement de l'opinion publique somalienne. Car poursuit le journal, les chebab, par le recrutement forcé de combattants au sein d'une population affamée, ont beaucoup perdu de leur popularité. A l'évidence le gouvernement somalien ne veut pas compromettre cette désaffection par l'aveu qu'il a une nouvelle fois autorisé les opérations militaires de troupes étrangères en Somalie. Ce pour quoi la population somalienne a montré peu de compréhension dans le passé. L'armée éthiopienne en a fait l'expérience lors de son intervention en décembre 2006. Le Kenya, souligne la Süddeutsche Zeitung, aimerait bien éviter le conflit somalien, mais n'y parvient pas. Le risque d'une escalade militaire le long de la frontière grandit car le Kenya veut maintenant faire une démonstration de force. Chaque jour de plus dans cette opération militaire entraîne un peu plus l'Etat kényan dans l'engrenage de la guerre en Somalie.

Arbeiter in Afrika Fabrik - Mangelnde Perspektiven und große Träume
Usine de confection au LesothoImage : AP

Bonnes perspectives pour l'Afrique

Une lueur d'espoir pour l'Afrique. Selon la presse allemande, elle est contenue dans les dernières prévisions du Fonds monétaire international sur la croissance économique en Afrique. Le FMI prévoit pour cette année une croissance de 5,2% en Afrique subsaharienne, et de 5,8% en 2012. Soit un taux très supérieur à celui observé ailleurs dans le monde.

Et cela fait écrire à die tageszeitung que, tandis que l'Europe sombre dans la crise, un milliard de Chinois, un milliard d'Indiens et un milliard d'Africains sont sur le point de changer la face de l'économie mondiale. Jamais encore les chances n'ont été aussi bonnes que l'Afrique sorte durablement de la pauvreté. La jeune génération africaine, souligne le journal, s'est débarrassée depuis longtemps du complexe d'infériorité de ses prédécesseurs et aspire avec assurance à la table des grands. L'Europe se rétrécit, l'Afrique grandit, l'Europe est vieille, l'Afrique est jeune, l'Europe est surendettée, l'Afrique est sous-capitalisée. Des consultants économiques futés ont découvert depuis longtemps qu'il y a aujourd'hui au Nigeria plus de bébés que dans toute l'Europe de l'ouest, et que cela représente un potentiel insoupçonné pour les exportateurs européens de couches pour bébés. Des responsables politiques futés devraient pressentir que dans vingt ans cela se traduira aussi par des changements géo-politiques.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum