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La nuit, la Côte d'Ivoire retient son souffle

17 juin 2011

Passé 22 heures, plus rien ne fonctionne à Abidjan, la capitale économique ivoirienne. Comme si la ville s'imposait un couvre-feu. Les habitants restent enfermés chez eux, le commerce s'arrête. Reportage sur place.

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Image : AP

16 heures 20, au guichet d’une banque dans le quartier des affaires, un travailleur qui a requis l’anonymat, décrit sa peur : « Quand on sonne, on a peur. Tu vois là j'ai garé ma voiture, mais j'ai peur en descendant... qu'on vienne me prendre ma voiture. Peur de sortir. On ne peut pas s'amuser. Moir je suis dans l'importation, je ne peux même pas travailler, parce que les clients, la nuit, je ne peux pas leur rendre visite. »

18 heures 30, dans la célèbre commune de Yopougon, longeant les magasins fermés, nous nous arrêtons dans une boutique connue pour servir très tard d’ordinaire. Mais ce jour-là, Sylvie ferme déjà. Elle nous en donne les raisons : « Je suis en train de fermer. A cause de la situation du pays, on ferme tôt maintenant. Avant, c'était à 22 heures, mais on n'y peut rien, c'est la situation. »

19 heures 50, dans une station-service de la commune de Cocody, Hilaire sert son dernier client de la journée : « Avant la crise, on fermait à 22 heures. Maintenant, compte tenu des événements, nous fermons à 19 heures, 20 heures, par là... Après 20 heures, si quelqu'un fait une panne sèche, ce sera très difficile d'avoir du carburant. »

20 heures 30, le cap est mis sur le terminus d’Angré; un lieu qui, en temps normal, est toujours très fréquenté. Mais pas ce soir. Sonia, une restauratrice : « Moi, les clients viennent vite, mais partent tôt. Ce n'est plus comme avant. C'est la situation du pays... »

21 heures, non loin de là, un taxi maître se tourne les pouces : « Nous on termine à 22 heures. »

22 heures, dernier arrêt dans une boîte de nuit à la Riviéra Palmeraie : « Après la guerre, vraiment, les habitudes ont changé, au niveau des sorties des clients, d'abord. C'est plus difficile après la reprise, c'est vraiment très difficile. On fait avec. »

Sur la route du retour, notre correspondant Julien Adayé rencontre plusieurs barrages des Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Des barrages qui rappellent l’époque Gbagbo, si ce n’est que la maîtrise de la langue française fait défaut. Le président ivoirien Alassane Ouattara a pourtant promis que la situation renterait dans l'ordre rapidement. A l'heure actuelle, c'est encore loin d'être le cas.

Ecoutez ci-dessous la version audio de ce reportage de notre correspondant à Abidjan, Julien Adayé.

Edition : Georges Ibrahim Tounkara