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La paix pour Paul Kagame sur le front intérieur

Marie-Ange Pioerron20 septembre 2013

Alors que l'Allemagne est en pleine période électorale, les journaux allemands regardent du côté du Rwanda. Des élections législatives viennent d'y être organisées, et les résultats sont connus.

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Bureau de vote à Kigali
Bureau de vote à KigaliImage : Tony Karumba/AFP/Getty Images

76% pour le Front patriotique rwandais... Il n'est pas surprenant, écrit die tageszeitung, que le parti au pouvoir ait remporté ces élections. Le résultat est quasiment le même qu'aux législatives de 2008, et le message est clair : la situation politique au Rwanda est irréversible. Le FPR domine le Rwanda depuis qu'il a conquis le pays comme mouvement rebelle tutsi en 1994 et mis fin au génocide des Tutsi perpétré par le régime précédent. Il a soumis le Rwanda à un ambitieux programme de modernisation qui, à long terme, doit faire oublier tout ce qui a conduit au génocide.

Le peuple est appelé en permanence à participer, poursuit le journal. En témoignent les 94% de participation enregistrés à ces élections législatives. Le gouvernement rwandais rassemble le peuple autour de lui, alors qu'en politique étrangère, il est sous pression. Les reproches formulés par l'ONU quant au soutien du Rwanda à la rébellion du M23 en République démocratique du Congo sont tenaces.

Soldats indiens de la Monusco au nord de Goma
Soldats indiens de la Monusco au nord de GomaImage : Junior D. Kannah/AFP/Getty Images

Protéger les civils au Congo

Il est aussi question du Congo dans le même journal. Die tageszeitung publie une interview avec Martin Kobler, le nouveau chef de la Monusco, la mission de l'ONU. Martin Kobler est depuis cinq semaines à la tête de la plus grande mission de l'ONU au monde, et sa tâche prioritaire, dit-il, est de protéger la population civile.

Ne craignons pas, souligne-t-il, d'être radical lorsqu'il y va d'enfants soldats ou de violence sexuelle. Les viols de masse sont du terrorisme sexuel. Il ne peut y avoir ici la moindre tolérance. Surtout pas à l'égard de l'armée congolaise. Qui viole doit être inculpé.

Mais, lui demande die tageszeitung, l'ONU est présente depuis 14 ans au Congo. Quel changement doit-elle opérer ? La Monusco, répond Martin Kobler, est plus vivante que bien des administrations nationales. Mais sa composante civile n'est pas bien adaptée à l'est du Congo. Je tente de mettre en place à Goma l'essentiel des structures civiles d'accompagnement. L'un de mes représentants va s'installer à Goma.

Autre question du journal : le Congo est-il devenu un terrain d'expérimentation pour une politique de maintien de la paix plus active ? Réponse de Martin Kobler : le mandat est le même, ce sont seulement les instruments qui sont différents. Au bout de 14 ans, l'activité de l'ONU a pu stabiliser la situation, mais la cohabitation avec les groupes armés perdure. L'important est de rétablir l'autorité de l'État. Nous voulons que l'État congolais retrouve le monopole de la force, sur le moindre kilomètre carré de territoire. Et nous avons pour cela les moyens militaires qu'il faut.

Espoir mesuré pour la Somalie

Conférence de Bruxelles, 16.09.2013
Conférence de Bruxelles, 16.09.2013Image : picture alliance/AA

Un milliard d'euros pour aider à la reconstruction de la Somalie : c'est la promesse faite à l'issue d'une conférence internationale organisée à Bruxelles sous les auspices de l'Union européenne. La presse allemande s'en fait l'écho.

Conférence de l'espoir et dividendes de la paix, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, qui note que les fonds promis doivent permettre à la Somalie de reconstruire des structures étatiques détruites par plus de 20 années de guerre civile. La "consolidation", souligne le journal, ce mot résume tout l'optimisme propagé ces derniers temps par l'Union européenne à propos de la Somalie.

Mais il a été ébranlé par le récent attentat de Kismayo. Dans cette ville portuaire du sud de la Somalie, le président de la transition du Jubaland, Ahmed Madobe, a échappé de peu à un attentat contre son convoi. Cette explosion, poursuit le journal, a rappellé qu'il faut toujours compter avec les shebab en Somalie, y compris dans les villes dont ils ont été officiellement chassés.

Ces derniers mois, à Mogadiscio, les islamistes ont bombardé le tribunal, le bâtiment des Nations unies, le convoi du président, une maison de l'ambassade de Turquie et un restaurant fréquenté par des coopérants étrangers. Sont visés tous les acteurs qui incarnent une stabilisation du pays sous l'égide du gouvernement central, soutenu par l'ONU.

Rebelles de la Séléka en janvier 2013
Rebelles de la Séléka en janvier 2013Image : SIA KAMBOU/AFP/Getty Images

La Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque le risque de "somalisation" de la République Centrafricaine. Le journal s'appuie pour affirmer cela sur les innombrables atteintes aux droits de l'Homme et le chaos général provoqué par les ex-rebelles de la Séléka.

Cette alliance hétéroclite a été officiellement dissoute par le président Djodotia, mais, souligne le journal, elle a éclaté en une multitude de groupes qui ne reconnaissent comme autorité que le chef de leur ethnie respective.

Un maître de l'architecture en terre

À l'intérieur de l'école de Gando, construite par Francis Kéré
À l'intérieur de l'école de Gando, construite par Francis KéréImage : picture-alliance/ dpa

Enfin, la Süddeutsche Zeitung fait l'éloge d'un architecte africain. C'est le Burkinabé Francis Kéré, pionnier d'une architecture véritablement africaine. En témoigne l'école qu'il a construite dans sa ville natale de Gando. Une école en terre, construite en 2001 avec l'utilisation de méthodes de construction traditionnelles, de savoir-faire occidental et de la population locale.

Cette dernière était loin d'être enthousiaste : pourquoi utiliser un matériau qu'elle connaît depuis toujours et non un matériau porteur de progrès ? Pourquoi pas une façade rutilante, avec beaucoup de technique ?

La plus grande partie de mon travail, déclare Francis Kéré, a été de convaincre les gens. Et il a réussi. L'école de Gando fait partie des meilleures du pays, elle a été agrandie et a valu à Kéré le prix Aga Khan, le plus célèbre des prix d'architecture. L'Afrique, souligne le journal, a besoin de ce genre de modèles.