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La politique européenne de voisinage et ses objectifs

6 septembre 2007

Lundi 3 septembre à Bruxelles, la Commission européenne avait réuni les 16 membres de la Politique européenne de voisinage. Une initiative qui a déjà cinq ans d’existence mais qui a pris un nouveau souffle…

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Benita Ferrero-Waldner, la commissaire européenne, plaide pour la Politique de Voisinage
Benita Ferrero-Waldner, la commissaire européenne, plaide pour la Politique de VoisinageImage : European Community, 2007 | Brussels

Un reportage d'Elisabeth Cadot, Bruxelles.

Huit cents personnes, des ministres et ambassadeurs venus représenter des pays aussi divers que la Moldavie, le Maroc, la Pologne, la Finlande, l’Allemagne, la France et bien d’autres…

Une assemblée de haut rang réunie sous la houlette de la Commissaire aux relations extérieures Benita Ferrero-Waldner et du Président de la Commission José Manuel Barroso, des journalistes, des représentants de la société civile. La Commission avait fait les choses en grand pour promouvoir sa Politique européenne de Voisinage, en abrégé PEV. Une manifestation à la hauteur de l’imposante enveloppe qui couvre cette politique. Sachez qu’elle représente quelques 12 milliards d’euros pour les 7 prochaines années. Alors qu’est-ce qui se cache derrière le sigle PEV ? Quel est l’objectif de la « politique de voisinage» ? Voici la réponse de la Commissaire chargée de la Politique de voisinage Benita Ferrero-Waldner :

« Il y a cinq ans nous avons eu une vraie vision. La vision était : qu’est-ce qu’on peut faire pour partager notre sécurité, stabilité et prospérité avec nos voisins, les voisins de cette Europe élargie… »

Un fonds pour les investissements

Dans un premier temps la « vision » s’est concrètement transformée en programmes régionaux comme TACIS pour les voisins de l’est par exemple ou MEDA pour les pays du sud de la Méditerranée. Mais depuis le 1er janvier dernier, on est passé à la vitesse supérieure. Les programmes ont été fondus en un instrument unique la politique Européenne de Voisinage et de Partenariat, considérée comme plus flexible. Et le thème de la conférence était donc le «renforcement de la politique de voisinage ». Alors en quoi consiste ce renforcement ? Plusieurs mesures ont été annoncées par la Commissaire.

D’abord la création d’un fonds de 700 millions d’euros pour attirer d’autres bailleurs de fonds et ainsi faciliter les investissements lourds des pays membres de la PEV, des investissements comme la construction de ports, d’ les aéroports ou l’amélioration des transports… Sur un autre registre, la Commissaire a évoqué la mobilité :

« Naturellement la question des visas est une question très importante... Nous sommes prêt à un partenariat de mobilité. Cela veut dire, d'un côté, que l’on doit combattre l'immigration illégale, et en même temps que l’on veut faciliter l'immigration légale. Cela c’est la position de la Commission mais ce sont les Etats membres qui doivent la mettre en exécution. »

On l’aura compris. L’Union européenne ne peut qu’inciter et non pas obliger les Etats membres à ouvrir leurs frontières pour une immigration contrôlée. Et les pays du sud comme l’Algérie et le Maroc ont insisté pour que les Européens aient « une lecture positive » de l’immigration selon l’expression du Ministre des finances marocain Fathallah Oualalou :

« Elle a contribué à l'enrichissement de l'Europe mais aussi de notre pays, c'est un relais de la modernisation de notre pays. Elle a contribué à la croissance économique, mais aussi à l'épanouissement culturel des pays européens, donc il faut lire de cette façon là et rattacher essentiellement toute réflexion sur la question au problème du développement. Il est important de réfléchir ensemble sur la nécessité d'arrêter l'immigration illégale, la nécessité d'organiser l'immigration normale, mais tout ça en liaison avec le problème du développement, c'est-à-dire dans le sens de réduire l´asymétrie entre les pays en voie de développement et les pays méditerranéens. »

Dans cet esprit, la Commission propose aussi d’ouvrir les bourses aux étudiants des pays du voisinage, dans le cadre du programme Erasmus Mundi. Bref, c’est une politique qui essaye de favoriser la libre circulation des personnes et des marchandises. Avec à terme un objectif : la création d’une véritable zone de libre échange entre l’Union européenne et ses voisins.

Adhésion ou Politique de voisinage ?

Le problème est que certains pays souhaiteraient adhérer à l’UE plutôt que de rester dans ce second cercle : c’est le cas de l’Ukraine et de la Moldavie sur la frontière est de l’Union européenne. Or la Politique de Voisinage n’est pas une anti-chambre de l’adhésion et celle-ci n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour comme le rappelle le Ministre d’Etat allemand aux affaires européennes Günter Gloser :

« L’Union européenne a une feuille de route très concrète. Il y a des négociations avec la Turquie. Il y a des négociations avec la Croatie. La Macédoine a un statut d’adhésion mais n’est pas encore entrée dans la phase de négociation. Néanmoins les chefs d’Etat européens ont bien dit que les pays de l’ouest des Balkans – s’ils remplissent les conditions – ont une possibilité d’adhérer. Mais pour le moment il n’y a pas d’autres décision. Et parce qu’il n’y a pas d’autre décision, nous utilisons l’instrument de la Politique européenne de Voisinage… »

Au sud, si certains pays comme l’Algérie ne voit pas le bénéfice réel de la PEV alors qu’ils sont déjà engagés dans le partenariat EUROMED, d’autres au contraire comme le Maroc n’hésitent pas à se servir de ces programmes qui sont complémentaires. On écoute le Ministre des finances du Maroc Fathallah Oualalou :

« Ca a renforcé notre relation avec l'Union européenne, mais surtout ça nous a accompagné et notamment dans les grandes réformes ; la réforme politique, sociétale, économique, etc. Ce qui est le plus important maintenant, c'est qu'il y a ait une ouverture plus grande du marché européen notamment pour les produits méditerranéens. Je pense aux produits agricoles à la mise en place d´une sorte de politique de solidarité d´intérêt, et notamment dans le domaine industriel, mais aussi dans le cas de la reconversion de l'agriculture. »

Au total on l’aura compris le succès de la Politique de Voisinage dépend autant de la volonté d’ouverture des Etats membres de l’Union européenne que de celle des Etats bénéficiaires. La Commission européenne prend ce pari…