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La question chypriote paralye les relations UE-Turquie

Aude Gensbittel28 novembre 2006

La Turquie et les négociations pour son adhésion à l’Union Européenne sont aussi au cœur des commentaires de la presse allemande. Après l’échec des discussions de la présidence finlandaise de l'Union avec Ankara sur la question chypriote, les journaux se montrent plutôt pessimistes. La Turquie refuse en effet toujours l'ouverture de ses ports aux navires chypriotes et exige au préalable la levée de l'embargo sur la République turque de Chypre du Nord. République reconnue uniquement par Ankara et qui contrairement à la partie sud de Chypre, n’est pas entrée dans l’Union Européenne en 2004.

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La division de Chypre durait déjà depuis 30 ans quand un plan de l’ONU pour la réunification de l’île a été voté en 2004, rappelle la Tageszeitung. L’Union Européenne l’a soutenu, mais ce plan a été saboté par les habitants grecs de l’île, alors que la majorité des Chypriotes turcs l’a approuvé. Faire aujourd’hui comme si la Turquie refusait de reconnaître un quelconque pays normal, c’est faire preuve de son étroitesse d’esprit. Rien d’étonnant donc, à ce que la plupart des Turcs n’y voient rien d’autre qu’un prétexte bienvenu pour faire capoter des négociations dont beaucoup ne veulent plus dans l’Union Européenne.

Pour le journal die Welt, Bruxelles doit se montrer ferme. Il ne s’agit pas seulement du refus de la Turquie d’ouvrir ses ports à un membre de l’Union Européenne. Le problème est aussi qu’Ankara n’a pas fait de réels progrès dans la mise en œuvre des réformes décidées en 2002. Les militaires s’immiscent de nouveau fortement dans la politique et un nationalisme tantôt ethnique et tantôt religieux se développe dans le pays. Si les institutions européennes ne réagissent pas de façon conséquente, elles continueront de perdre leur crédibilité. L’Union Européenne n’a pas besoin de la Turquie. Ankara, au contraire, n’a pas de réelle alternative à un rapprochement avec l’Europe.

La Franfurter Rundschau ne partage pas cet avis. Il n’y a pas eu d’accord sur Chypre et l’Union Européenne a raison d’annoncer à présent des conséquences, écrit le journal. Toutefois ni la Commission Européenne ni les gouvernements ne devraient céder à la tentation de geler complètement les pourparlers. Cela conduirait tout droit à la catastrophe. Bien sûr, l’abandon des négociations serait un grand geste, un geste sans doute mieux accepté par l’opinion publique que des efforts fastidieux pour parvenir à un accord. Seulement voilà, cela n’apporterait rien à personne si l’Union et la Turquie se détournaient l’une de l’autre. L’adhésion de la Turquie est un projet qui s’étale sur 10 ou 15 ans, peut-être même plus. Il n’y a aucune raison de se précipiter, ni d’abandonner dès le premier obstacle. Le projet offre beaucoup trop de chances pour cela, et un échec soudain représenterait beaucoup trop de risques.