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La réponse nucléaire

Yann Durand20 janvier 2006

Le président français, avec l’énoncé de sa doctrine nucléaire, polarise la communauté internationale. Recourir à l’arme nucléaire contre les états se servant du terrorisme ne fait pas l’unanimité. D’aucuns voient dans cette initiative la volonté de Jacques Chirac d’enjoliver la fin de son mandat. D’autres en revanche saluent sa fermeté dans un monde où il n’existe plus de dichotomie du pouvoir mais un émiettement des forces. Une divergence illustrée par la presse allemande ce matin.

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Jacques Chirac menace les états terroristes de recourir à l'arme atomique
Jacques Chirac menace les états terroristes de recourir à l'arme atomiqueImage : AP

Selon les prérogatives d’un président français, il lui appartient d’avoir le dernier mot quant à l’utilisation de l’arme nucléaire. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung il est donc logique qu’il annonce publiquement la doctrine qui lui permettrait d’en faire usage. Il n’est pas surprenant que le terrorisme d’état y joue un rôle. De même que le fait de viser clairement des nations en rupture de contrats car elles tentent de développer des armes nucléaires n’est pas le fruit du hasard : C’est un signal clair à l’adresse de Téhéran pour lui faire savoir qu’outre les Etats-Unis, l’Europe aussi est sérieuse sur la question du programme nucléaire iranien. Très sérieuse même.

Même son de cloche dans le quotidien Die Welt, lequel voit l’initiative de Chirac comme un pas inéluctable. Il s’agit selon lui avant tout de régir les forces du chaos, d’imposer la paix alors qu'échouent négociations et contrats . Et d’ajouter que le président "place ainsi la France au sommet de l’échelle européenne, assure à ses alliés, dont l’Allemagne, une défense nucléaire et met en exergue que l’on a besoin de plus qu’une puissance douce".

"Parce qu’il ne veut pas entrer dans l’Histoire comme le président ayant aboli la force de frappe en raison de son absurdité, Jacques chirac annonce désormais sa flexibilité", peut-on lire en revanche dans la Frankfurter Rundschau. Au lieu de six têtes explosives, les missiles à moyenne portée n’en auront à l’avenir qu’une ou deux. "C’est le désarmement saucissonné" observe le quotidien que cet illogisme ne surprend pas : que peut-on attendre d’autre d’un président sur le départ, qui a proclamé tout et son contraire comme une vérité immuable ?

"Hirochirac" est de retour !, ironise la Tageszeitung de Berlin. Dix ans après les essais de Mururoa le président parle de frappe atomique. Et comme d’habitude concernant le nucléaire, l’opinion publique française réagit sereinement, poursuit le journal. Et pourtant la menace de Chirac est une bombe pour la politique du pays : D’une part, elle nuit à la crédibilité de Paris, particulièrement dans sa gestion de conflit avec des pouvoirs régionaux potentiellement candidats à l’arme atomique. D’autre part, la doctrine "nucléarise" la campagne présidentielle française.