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La révolte des bonzes en Birmanie

Anne Le Touzé25 septembre 2007

Le mouvement de protestation emmené par les moines bouddhistes en Birmanie est le grand sujet du jour dans la presse allemande. Et ce matin, les kiosques d’Allemagne affichent une unité de couleur inhabituelle : c’est en effet le ton safran des tuniques et la couleur crème des crânes rasés des bonzes birmans qui dominent les Unes des quotidiens.

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Des images qui font le tour du monde: plus de 100.000 personnes ont défilé hier à travers le pays, emmené par les moines bouddhistes, pour protester contre la junte militaire.
Des images qui font le tour du monde: plus de 100.000 personnes ont défilé hier à travers le pays, emmené par les moines bouddhistes, pour protester contre la junte militaire.Image : AP

Depuis 14 ans, écrit Die Welt, une assemblée nationale planche en Birmanie sur les « principes d’une Constitution » et les élections sont le « projet du siècle ». Il faut au moins cela pour atteindre le résultat escompté, note ironiquement le journal, puisque la démocratie « à la birmane », signifie que tous les chemins mènent au pouvoir militaire. Oser la désobéissance civile dans ces conditions représente donc forcément un danger de mort et selon Die Welt, la chance du soulèvement actuel est qu’il soit mené par des moines, intouchables par les généraux.

La Frankfurter Rundschau revient en page intérieure sur le pouvoir du clergé bouddhiste en Birmanie. En moins d’une semaine, les bonzes ont été capables d’entraîner avec eux toute une population. Selon le journal, la situation est d’autant plus délicate pour la junte birmane que la plus haute instance religieuse du pays représente 85% de la population, y compris des soldats. Tirer sur un moine reviendrait à tirer sur sa propre religion.

La Süddeutsche Zeitung consacre un article à l’opposante Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix assignée à résidence depuis quatre ans. Elle a pleuré, samedi, lorsque le cortège des manifestants est passé devant sa maison-prison. Et appelé ses compatriotes à ne plus avoir peur. Pour le quotidien, cette femme sensible au caractère d’acier, fille du héros de l’indépendance, représente l’avenir de la Birmanie.

La peur, fer de lance de la junte militaire depuis des décennies, commence à vaciller, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. On peut craindre à juste titre que le pouvoir birman tente de réprimer le mouvement dans le sang. C’est là, affirme le journal, que la communauté internationale doit intervenir : il n’y a pas d’autre issue à la crise qu’un dialogue entre l’armée et l’opposition, afin d’amener les généraux à renoncer à leur pouvoir. Et les voisins sud-asiatiques de la Birmanie sont les mieux placés pour guider un tel dialogue.

C’est seulement si la Chine et l’Inde font pression sur les généraux aux côtés des Etats-Unis et de l’Union européenne, que le pays réussira son ouverture démocratique, renchérit la tageszeitung. Selon le journal, la Chine a un rôle clé à jouer pour espérer régler cette crise de façon pacifique. Or c’est justement là que réside le problème : si Pékin n’a aucun intérêt à voir une Birmanie déstabilisée, elle n’en a pas non plus à encourager un mouvement démocratique.