1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

La RDC toujours à la Une

Marie-Ange Pioerron30 novembre 2012

Cette semaine encore, la République démocratique du Congo occupe le devant de la scène dans les médias allemands. La situation dans l'est du pays continue d'interpeller les journaux.

https://p.dw.com/p/16tHJ
Rebelles du M23 près de GomaImage : dapd

De nouveau la guerre et la violence dans l'est du Congo, écrit par exemple l'hebdomadaire der Freitag. Les images de gens qui fuient dans la panique, d'enfants au visage gris, de cadavres au bord du chemin ne sont que trop connues. Dix millions de personnes, note le journal, vivent dans les deux provinces du Kivu, beaucoup d'entre elles dans des villages inaccessibles, au fin fond de la forêt. Elles aussi, pourtant, sont traquées, pillées, torturées et brûlées. Il n'est pas une atrocité qui n'ait déjà été perpétrée dans le Kivu. Et qui pourra les arrêter, s'interroge le journal. L'armée congolaise, un ramassis d'anciennes milices au passé violent? La mission de l'ONU? Les soldats de la Monusco n'ont pas le droit de faire usage de leurs armes. Une aubaine donc pour une nouvelle génération de rebelles comme le M23 , conscients du pouvoir des réseaux sociaux, qui ont ajouté l'ordinateur portable à l'omniprésent AK47. Dans la foulée, la Süddeutsche Zeitung évoque la débâcle des casques bleus de l'ONU. Les paroles d'un jeune officier indien de la Monusco, posté en septembre sur une verte colline au nord de Goma, sont encore en mémoire écrit le journal: "Cette ville ne tombera pas, nous y veillerons", avait-il alors déclaré. Deux mois plus tard cette promesse sonne comme une insulte. Car les rebelles sont entrés dans Goma. Cette débâcle des casques bleus à Goma a relancé le débat sur les missions de paix des Nations unies. 6 700 soldats de l'ONU sont stationnés dans la seule province du Nord Kivu, soit trois soldats de l'ONU pour un rebelle du M23. Mais on observe souvent, poursuit le journal, que les forces onusiennes sont d'une extrême passivité. Cela tient peut-être aussi à l'influence des pays contributeurs de troupes. L'envoi de contingents dans des missions de l'ONU rapportent gros aux gouvernements. Mais en coulisses, ceux-ci s'ingèrent aussi pour limiter les risques courus par leurs propres soldats.

Treffen afrikanischer Staatschefs in Uganda
Sommet de Kampala (de g.à dr. Kagamé, Museveni et Kabila)Image : dapd

Un semblant de solution politique

Ces risques, la Monusco envisage de les réduire encore plus en ayant recours à des drones, des avions sans pilote donc, pour surveiller l'est du Congo. La Frankfurter Allgemeine Zeitung se fait l'écho de cette intention. Une demande en ce sens doit être soumise au conseil de sécurité de l'ONU. Mais nul ne sait quel pays serait prêt à fournir des drones à la Monusco. Dans un autre article le même journal évoque les dissensions au sein du M23. Dissensions entre le chef militaire, Sultani Makenga, et le chef politique Jean-Marie Runiga Lugerero. Le premier, après des discussions à Kampala avec le président Museveni, s'était dit prêt à un retrait de Goma. Le second faisait dépendre un tel retrait de toute une série de préalables. Quoi qu'il en soit, les parties en conflit au Congo, souligne la FAZ dans un éditorial, savent comment s'y prendre. Elles déclarent au monde qu'elles souhaitent une solution politique. Il est même question d'une médiation internationale. Que le Rwanda et l'Ouganda, impliqués au moins indirectement dans le conflit, soient associés à une telle médiation indique qu'il ne faut pas la prendre au sérieux. Toutes les parties ont en commun de vouloir une poursuite de l'aide humanitaire par les Nations unies et les organismes d'aide. Sans doute est-ce précisément l'objectif de la prétendue médiation. De l'extérieur personne ne veut intervenir directement. Les eaux dans lesquelles il faudrait pêcher sont pour cela trop troubles. Et tant que les matières premières de la région continueront d'arriver sur les marchés mondiaux, rien ne changera. Les guerriers y veilleront car eux aussi doivent financer d'une manière ou d'une autre leurs sanglante entreprise.

Affenbrotbaum Madagaskar Baum
BaobabImage : ileiry/Fotolia

Le vieil homme et la forêt

C'est une histoire beaucoup plus réconfortante que nous relate cette semaine l'hebdomadaire Die Zeit. L'histoire d'un homme qui a arrêté le désert, Elle pourrait s'intituler aussi le vieil homme et la forêt. Ce vieil homme, lit-on dans Die Zeit, a 70 ans, il s'appelle Yacouba Sawadogo, et il vit dans le nord du Burkina Faso. Dans les semaines qui précèdent la saison des pluies, il sème des graines de baobab. Ce n'est pas lui qui en récoltera les fruits. Il faut une quarantaine d'années, explique le journal, avant que les arbres soient suffisamment forts pour résister aux tempêtes et aux animaux affamés. Mais ses petits-fils et arrière petits-fils mangeront un jour les fruits des arbres qu'il a plantés en 2012. Pendant des années, raconte le journal, Yacouba a bêché seul la terre pour y planter des arbres. Loin des champs des autres hommes, loin des maisons du village. "Un fou" disait-on de lui au village. Dans la province de Yatenga, dans le nord du Burkina, Yacouba a planté à lui seul une forêt. Il a fait fructifier une terre infertile, a fait jaillir le mil là où rien ne poussait, a créé une ombre rafraichissante là où le soleil brûlait. La forêt de Yacouba, comme l'appellent les gens du coin, est un mélange de fraicheur et d'ombre, de chants d'oiseaux et de bourdonnements d'abeilles. Et parce que Yacouba a réalisé ce miracle, les gens aujourd'hui viennent à lui. Il enseigne à d'autres paysans, il reçoit des malades qui ont besoin de remèdes, et des agronomes venus d'Europe et d'Amérique. Ils viennent tous pour apprendre. Le livre d'hôtes que tient Yacouba, souligne Die Zeit, est un manifeste international d'admiration et de reconnaissance.

Ägypten Kairo Protest Tahir Platz nach Abstimmung in der verfassungsgebenden Versammlung
Manifestation au Caire après le vote du projet de constitutionImage : Reuters

Risque d'escalade en Egypte

La presse s'intéresse aussi au projet de nouvelle constitution en Egypte. Cette nouvelle constitution, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, aurait dû être le couronnement de l'aspiration à la liberté. Elle est devenue source de querelle. En dépit de toutes leurs promesses, les islamistes ont rédigé un texte dans lequel ni les chrétiens ni les libéraux ne se retrouvent. Elle prouve à leurs yeux que les islamistes veulent donner aux religieux le dernier mot sur les questions de droit et de morale. Mais poursuit le journal, le jeu des islamistes est risqué. Ils marchent sur une corde raide, car les dernières manifestations ont conforté les adversaires du président Morsi dans le refus de tout compromis. Les deux camps misent sur l'escalade. La nouvelle constitution est encore loin d'être bouclée.

Sensibilisierung im Dorf mit einem Theaterstück FGM
Sensibilisation contre l'excision en Guinée BissauImage : Weltfriendensdient e.V.

Non à l'excision

Enfin die tageszeitung salue l'adoption, par un comité de l'assemblée générale de l'ONU, d'une résolution qui appelle tous les Etats du monde à mettre fin aux mutilations génitales féminines. La résolution a été adoptée par acclamation, sa confirmation par l'assemblée générale est attendue en décembre. L'Union africaine avait décidé en 2011 d'encourager au niveau de l'ONU une interdiction internationale de l'excision.