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La sécurité du nucléaire remise en question

8 septembre 2007

Les centrales nucléaires allemandes ont connu un été plutôt chaud. Deux réacteurs, à Krümmel et à Brunsbüttel dans la région du Schleswig-Holstein, ont dû être arrêtés suite à des courts-circuits qui ont provoqué pannes et incendies. Il n'en fallait pas plus pour relancer la guerre idéologique dans un pays extrêmement divisé sur le nucléaire.

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La centrale nucléaire de Brunsbüttel dans le nord de l'Allemagne
La centrale nucléaire de Brunsbüttel dans le nord de l'AllemagneImage : dpa

L’exploitant des centrales, le groupe suédois Vattenfall, peu pressé de communiquer sur le déroulement des incidents, a largement contribué à alimenter la polémique sur la sécurité réelle des installations... et à relancer la guerre idéologique dans un pays extrêmement divisé sur le nucléaire. D’autant que la prochaine bataille se profile déjà à l’horizon : les grands groupes énergétiques demandent en effet la prolongation de la vie des vieux réacteurs, au-delà de 2021, date théorique de la fin du nucléaire entérinée sous le gouvernement de Gerhard Schröder.

Le dernier communiqué de presse de l’organisation Deutsches Atomforum remonte au 27 juin dernier. Le lobby pro-nucléaire annonçait triomphant les résultats d’une enquête d’opinion : 48 % des personnes interrogées se déclaraient favorables à une exploitation des centrales nucléaires au-delà de 2021. Le lendemain, le 28 juin, les centrales de Krümmel et Brunsbüttel connaissaient une série de pannes conduisant à l’arrêt des réacteurs. Depuis, le parquet de Lübeck a mené une perquisition sur le site de Krümmel. Vatenfall, l’exploitant a remercié le patron de sa filiale allemande ainsi que le responsable du secteur énergie nucléaire. Et en pleine trêve estivale, le ministre de l’environnement a convoqué une commission parlementaire pour faire le point. Bref, depuis quelques semaines, reconnaît Bernd Arts, porte-parole du Deutsches Atomforum, les partisans du nucléaire en Allemagne traversent une mauvaise passe :

"C’est sûr qu’il y a eu un problème de communication. Mais il faut aussi reconnaître que certains cercles hostiles au nucléaire en ont profité pour mener une campagne de dénigrement, alors qu’ils savent très bien que les centrales nucléaires allemandes n’ont pas de déficit de sécurité... C’est dommage, car le nucléaire bénéficiait depuis quelque temps d’une meilleure image auprès de l’opinion publique"

Et du coup, depuis la mi-juillet, c’est au tour des organisations écolo de brandir des sondages indiquant qu’une majorité d’Allemands – 54% environ – est désormais opposée à un allongement de l’exploitation des centrales au-delà de 2021, la date approximative de sortie du nucléaire. Mais l’opinion est volatile et les gouvernements passent. Voilà peut-être pourquoi les groupes énergétiques réclament un sursis pour les trois plus vieilles centrales du pays, celles qui doivent fermer à l’horizon 2009. D’ici là, les prochaines élections législatives pourraient porter au pouvoir un gouvernement favorable dans son ensemble à l’énergie nucléaire, ce qui n’est pas le cas actuellement. Calcul politique... calcul économique aussi, croit savoir Sven Hessmann de l’organisation IPPNW , une association de médecins opposée à l’emploi du nucléaire :

"Plus un réacteur est âgé , plus les risques d’incidents sont élevés. On le voit bien dans la centrale de Biblis, construite en 1974, il y a constamment des problèmes. Mais les exploitants évidemment veulent prolonger l’exploitation de ces vieux réacteurs. Parce qu’ils sont depuis longtemps amortis et que les gains économiques sont importants."

Un million d’euros, c’est le gain journalier que réaliseraient les vieux réacteurs prétend Siegmar Gabriel, ministre de l’environnement et farouche opposant au nucléaire. Le chiffre n’est pas commenté par les exploitants . Mais Bernd Arts, du Deutsches Atomforum ne cache pas qu’il s’agit d’une question de gros sous qui intéresse au final les consommateurs d’électricité :

"Bien sûr qu’en fin de compte il s’agit d’intérêts économiques. Mais cela va bien au-delà. Notre pays a besoin d’électricité. Notre industrie mais aussi les particuliers. Regardez... dès qu’il y a la moindre augmentation du prix de l’électricité , cela fait la une des journaux et cela déclenche immédiatement la colère de la population. "

L’accord de sortie du nucléaire étant basé sur des seuils de mégawatts produits, les exploitants proposent d’allonger la durée de vie des vieilles centrales en échange d’un raccourcissement de l’exploitation des centrales les plus récentes. Le ministère de l’environnement refuse d’accéder à la demande, c’est donc la justice qui tranchera.

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