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La situation dégénère à Abyei

25 mai 2011

Plus de 15.000 personnes ont fui les récents combats dans la région d'Abyei. Des chiffres qui risquent fort de gonfler au cours des prochains jours, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU.

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C'est en violation flagrante des accords de paix en vigueur que les forces armées soudanaises appuyées par des blindés, ont pris possession en fin de semaine dernière de la ville d'Abyei, qui a été en partie la proie des flammes et pillée. Abyei et sa région, riche en pétrole, font aussi l'objet d'une lutte pour l'accès à l'eau, mais aussi de rivalités tribales historiques. Depuis le référendum de janvier sur le Sud-Soudan, marqué par une large victoire de l'option sécessionniste, la ville connaît une recrudescence des violences

Les Forces armées nordistes ont ainsi pris le contrôle de plusieurs villages de la région, dont Rumamer, Marial Achak et Mijak. Le ministre de l'Information du Sud-Soudan, Barnaba Marial Benjamin dénonce vivement ce qu'il appelle un « acte de guerre » :

« Pour nous c'est un acte de guerre qui n'entre pas dans l'esprit de l'accord de paix. Nous attendons que la communauté internationale et le Conseil de Sécurité de l'ONU prennent de sérieuses mesures pour demander au gouvernement du Soudan de retirer ses forces d'Abyei... C‘est une opération militaire qui menace la paix régionale et mondiale. Faire partir ces gens d'Abyei relève de la responsabilité de la communauté internationale. Ils ont incendié la ville et volé la propriété de civils innocents… »

Sudan Südsudan Abyei Protest Demonstration Juba
Manifestation contre la prise d'Abyei par les forces nordistesImage : AP

Le Conseil de sécurité de l'ONU comme aussi les Etats-Unis et l'Union européenne ont condamné l'intervention nordiste. De même la haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, faisant valoir que les récents combats à Abyei, "ne constituent certainement pas le moyen de faire progresser la coexistence pacifique entre le Nord et le Sud-Soudan".

La situation à Abyei reste "volatile", mais la seule chance à saisir est celle d'une solution pacifique et non militaire, estime le ministre de l‘Information du Sud Soudan, Barnaba Marial Benjamin qui rappelle l'accord de Naivasha prévoyant un référendum pour la région d'Abyei :

« C'est un engagement entre les deux parties, le NPC le Parti du Congrès National à Khartoum et le SPLM dans le Gouvernement du Sud Soudan. A Naivasha au Kenya, nous sommes convenus que les gens d'Abyei votent lors d'un referendum pour décider s'ils veulent réintégrer le Sud Soudan ou rester englobé au Nord. La solution de ce conflit ne peut être que pacifique »

Cependant à Khartoum le pouvoir central du président nordiste Omar el-Béchir a écarté les appels du Sud-Soudan et de la communauté internationale à retirer ses troupes d' Abyei et de sa région.

"Abyei restera une ville du Nord jusqu'à ce que la population décide de la situation par elle-même", a déclaré le ministre soudanais de la Défense à Khartoum, Abdelrahim Mohammed Hussein "L'armée (nordiste) restera à Abyei pour maintenir la sécurité et la stabilité jusqu'à ce qu'une décision politique soit prise", a -t-il ajouté.

Auteur : Phlippe Pognan
Edition : Fréjus Quenum