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La Suède change de bord

Anne Le Touzé19 septembre 2006

En Suède, les élections législatives de dimanche ont modifié le paysage politique. Après dix ans au pouvoir, les sociaux-démocrates laissent la place à un gouvernement de droite. L'alliance quadripartite emmenée par le Parti modéré s'est en effet imposée avec 48,1% des suffrages. C’est le meilleur score du Parti modéré depuis 1928, et il est le fruit d’une stratégie bien préparée, comme le relève la presse allemande.

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Frederik Reinfeldt, leader du Parti modéré, a largement remporté les élections législatives contre son adversaire Göran Persson, Premier ministre depuis 10 ans.
Frederik Reinfeldt, leader du Parti modéré, a largement remporté les élections législatives contre son adversaire Göran Persson, Premier ministre depuis 10 ans.Image : AP

Ce ne sont pas les Suédois qui sont devenus plus conservateurs, estime la Frankfurter Rundschau, mais les conservateurs qui sont devenus plus « suédois ». Ils se sont adaptés. En Suède, on ne gagne pas les élections en réclamant des baisses d’impôts pour les riches ou en attaquant l’Etat providence. Au lieu de cela, les conservateurs ont promis moins d’impôts pour tous ceux qui travaillent et de meilleurs services. Et puis du travail, du travail et encore du travail.

Depuis son élection à la tête du Parti modéré, note la Süddeutsche Zeitung, Frederik Reinfeldt s’est employé à en changer l’image. Un changement visuel d’abord : le logo du parti est passé du bleu foncé au bleu clair. Un changement de ton également : au placard les tirades contre l’Etat social. L’évolution des modérés vers les « Nouveaux modérés » était un pas nécessaire pour remporter les élections.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la victoire de Reinfeldt ressemble en tous points à celle d’Anders Fogh Rasmussen au Danemark. Lui aussi est passé du néolibéralisme à la défense de l’Etat social. Comme Rasmussen, Frederik Reinfeldt a été surnommé le « Tony Blair du nord », pour montrer comment les sociaux-démocrates peuvent être battus avec leurs propres armes. Ceux-ci d’ailleurs n’auraient pas pu imaginer un changement de système plus amer : l’ancien adversaire n’a pas seulement viré de bord, il se pourrait bien qu’il réussisse à faire mieux.

La social-démocratie suédoise a perdu ses deux principaux alliés, analyse enfin la Berliner Zeitung. Des alliés qui ne sont ni les Verts ni les socialistes, mais l’habitude et la prudence des électeurs suédois. Si l’élection du nouveau gouvernement ne devrait pas changer grand-chose au système, on peut s’attendre en revanche à un changement dans le climat politique du pays. Le gouvernement de Göran Persson était un One-man-show. Lui seul incarnait le pouvoir. Frederik Reinfeldt au contraire est un modèle de sociabilité. Et pour la première fois depuis 20 ans, la Suède va avoir un gouvernement majoritaire. Les électeurs suédois pourraient bien s’habituer à ce nouvel ordre politique.