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La Charia en Turquie?

Philippe Pognan27 avril 2016

Dans ses fonctions de président du Parlement, Ismaïl Kahraman supervise l'élaboration de la nouvelle Constitution qui doit remplacer celle adoptée après le coup d'Etat militaire de 1980.

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Türkei
Le président du Parlement turc, Ismail Kahraman souhaite la loi islamique comme base de la constitutionImage : Getty Images/AFP/A. Altan

Or, le président du parlement a plaidé pour la suppression de la laïcité et pour la mise en place d'une Constitution religieuse basée sur la Loi Islamique...

Un sujet très sensible depuis la fondation dans les années 1920 par Mustafa Kemal Ataturk d'une République laïque, bannissant l'islam, -la religion majoritaire-, de la vie publique. "Il y a encore quelques années seulement, l'auteur d'une déclaration telle que celle d'Ismaïl Kahraman aurait été poursuivi par la justice pour agitation anti- constitutionnelle ! rapporte la taz, die tageszeitung… Aujourd'hui les manifestants qui descendent dans la rue pour le maintien d'une république laïque se font matraquer…Par ailleurs, poursuit le quotidien berlinois, il serait intéressant de voir comment l'Union européenne réagirait si la nouvelle constitution turque devait se baser sur la Loi Islamique ! Car, conclut la taz, il n'est guère crédible qu'un pays voulant rétablir la Charia, soit en même temps candidat à l'adhésion dans l'Union européenne ! "

Türkei Ministerpräsident Recep Tayyip Erdogan bei Trauerfeier mit Imam im Hintergrund
Le président turc Recep Tayyip Erdogan sait la majorité religieuse derrière luiImage : picture-alliance/dpa/Okten
Türkei Protest gegen Ismail Kahraman Ankara
La police se sert de gaz lacrymogène pour disperser des protestataires qui manifestent contre le président du Parlement à AnkaraImage : Reuters

"Ce n'est vraiment pas le moment pour la Turquie de mener un débat sur la question de savoir si le pays a besoin d'une Constitution islamique ou non! ", estime la Süddeutsche Zeitung. " Cela ne fait que fragmenter encore plus une société déjà fort divisée. Dans le sud-est du pays, une guerre civile fait rage contre le parti kurde PKK et dans le sud, la milice terroriste de l'Etat Islamique est sur le pied de guerre. C'est avant tout d'une pacification interne dont la Turquie a besoin, relève l'éditorialiste. Mais le président Erdoğan pense grand, très grand. S‘il n'en tient qu'à lui, alors, avec l'introduction d'un système présidentiel, la Turquie sera gouvernée par un autocrate islamique. Cela est censé être son legs à la majorité religieuse de la population. La transformation de la Turquie de l'ère post-Erdogan a commencé, et cela a de quoi faire peur ! " conclut la Süddeutsche.

Symbolbild PKK warnt vor Bürgerkrieg
Partout en région kurde, dans le sud-est de la Turquie, la police et l'armée montrent leur présenceImage : Reuters/S. Kayar


La liberté de presse de plus en plus restreinte en Turquie

A Berlin, les députés du Bundestag, la Chambre basse du Parlement allemand, ont discuté aujourd'hui de la situation des journalistes dans le pays du président Erdogan. "En Turquie, la liberté d'opinion et la liberté de la presse sont depuis un certain temps déjà sur une liste noire du gouvernement, relève la Frankfurter Rundschau. La Turquie n'est pas un quelconque pays quelque part entre l'Europe et l‘Asie, mais un important partenaire de l'Allemagne, lié à des contrats et qui a l'ambition de devenir un jour membre de l'Union européenne. C'est pourquoi il est grand temps que le Bundestag se soucie de qu'il advient de la liberté de la presse en Turquie. Peu importe le ton des critiques formulées vis à vis du président Erdogan. Cet autocrate sensible se sentira de toute facon offensé ! " , conclut le quotidien de Francfort.

Türkei Can Dündar Prozess
Devant le Palais de Justice à Istanbul, des activistes manifestent leur soutien à Can Dundar, rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet condamné lundi à 9.000 euros d'amende pour "insulte" au président Erdogan dans une série d'articles sur un scandale de corruption visant l'actuel président en 2013.Image : Reuters/O. Orsal